Poèmes à thème : Éros & compagnie

Amours lointaines, lointains amis,
que votre réveil...


... soit doux...

Alexandrins mutins en alphabet...

A : adorable amande aimante d'âme d'antre.
B comme bandaisons, bouts et bijoux badins.
C : cuisse, cou, cuisant des caresses au centre.
D comme dos aux dunes dodues de daim.
É tel cet éternel écrin de l'épicentre !
F : for féminin à fêlure féline.
G : gobeter, giron, gorge, goût et géine.
H tel hâvre, humus, homme, hêtre sans houx.
I pareil à l'idem iradiant l'itou.
J : jouir, jeux, jardin, joyau, jus, jamerose.
K comme kaolin sde femme sans kohol.
L comme le lit dénudé, sans licol.
M : minou, minet, mamelle non morose...
N comme le nid qu'est la nuque, et le noeud.
O comme l'ouïe d'or, l'oreille sans l'onagre.
P comme pédoncule et peton point podagre.
Q comme : "Quelle queue en quête d'une queux".
R : reins à rondeurs et ravissement rose.
S comme saveur, suc, seins sève qui sort...
T pareil à "Telle est la toison : un trésor !"
U comme une unifleur, unique et "unirose"...
V comme le volcan de Vénus, voilà tout !
W : la weissie, ou bien le wacapou.
X telle xénie en un xyste, inconnue.
Y d'un blanc yucca, deux yeux de yeuse nue...
Z : zeste, zéphyr... Le point Z, il est où ?

Késaco

c'est si beau...

merci.

Trousse d’amant


« De son lien de fer, déclara l’ôte-agrafe,
Je libère la feuille ».
« Et moi, a dit le doigt, ses tulles je dégrafe,
Comme une fleur que l’on effeuille. »

« Sur le blanc parchemin,
Je roule », a dit la bille.
« Sur elle j’éparpille
Mes doigts », a dit la main.

« Sur le vélin, dit le calame,
Volutes de pleins et déliés
Je dessine. » Et moi, sur la Dame,
De ses cheveux jusqu’à ses pieds,
Amoureusement je dépose
Mes baisers, dit la bouche rose…

La plume d’or a dit :
« Sur le papier, je glisse. »
« Moi je sais le délice
De tous ses paradis »,
A dit la lèvre
En fièvre.

« Je conserve bleu le sang
D’azur », dit la cartouche.
« Moi, dit la langue, je touche
Au huitième ciel ! Je sens
Que bénie est mon encre
Dans son rose et douillet chancre. »

Le porte-mine a déclaré :
« Je frôle de mon graphite
Le « Canson » pour le bigarrer. »
« Moi, dit la phalange, j’excite
De mes empreintes son doux dos ;
Ce frôlement est mon cadeau ».

« Moi, le bout du stylet, je soutiens et je guide
Sur le carton désert ou sur la page vide
Pour tracer son chemin ! », s’est exclamé le té.
« En hiver, au printemps, à l’automne, en été,
Je puise son soleil, sous la douce frangette,
Au cœur de sa forêt », a dit la phalangette.

Le crayon de couleur
Déclara : « Je colore
Tissus, papiers, de belles fleurs. »
Moi, dit la phalangine, j’adore
Sa fleurette qui croît aux cieux :
Le reflet de ses yeux. »

« Un petit trou et puis un bout de plombagine,
Et le tour est joué : j’inscris un arc de cercle ! »
S’est esclaffé, toujours d’humeur coquine,
Le compas.
« Moi, de ses rondeurs, que j’encercle,
Je suis fou, et de ses appas ! »,
A dit la moite paume,
De l’homme.

« Je préserve de la dureté
La blanche feuille », a dit le sous-main.
« Et moi, je garde ma volupté
Pour son douillet ventre ! », a dit la main.

« Moi, je sais arrondir les angles »,
A dit le rapporteur.
« Nous aimons quand, comme des sangles,
Ses jambes ceignent notre cœur »,
Ont dit les hanches de l’amant,
Qui ajouta « Infiniment » !

Le flacon d’encre a dit : « Je garde
Pour la plume « Sergent-Major »,
Ma « chinoise », pour qu’elle en farde
Le « Bristol » encor et encor ! »
L’index répliqua : « Moi je joue
Sans ambages avec sa joue
Avec ses cils
Et ses sourcils
Que, sans chercher d’autre aventure,
Je conserve nature. »

La gomme a dit :
« Point de retour
Pour la faute ou le barbarisme ! »
La main répliqua : le velours
De son sein est mon solécisme
Et je suis en accord parfait
Avec son téton si bien fait. »

L’éponge a déclaré : « Dans ma petite boîte,
Bien que sèche, je sais des pâtés préserver
L’empressé qui écrit ses mots d’une main moite.
Pour le petit cahier quadrillé, je m’en vais
M’humecter d’un peu d’eau. Voilà. J’y suis. Je veille. »
L’auriculaire a dit : « Je sais à son oreille
Murmurer des mots doux.
Le reste je m’en fous ! »

La punaise a dit : « Moi, ces-mots-là, je placarde
Et les fleurs en dessins au mur, grands ou petits. »
« Moi, répondit la main, je sens son péricarde
Sous son sein nu qui bat : son souffle est myosotis. »

Le trombone a chanté : « Je suis attache lettres ;
Je serre poulets et billets,
L’incisive a dit : « Moi, du fin fond de son être,
Par son lobe deshabillé,
Je puis faire monter le soupir de délice,
Qui parcourra sa cuisse ! »

Les petits ciseaux à bouts ronds
Ont dit : « Avec nous pousse
Une fleur de papier ou un arbre et son tronc. »
« Nous, l’index et le pouce,
Savons faire dresser,
Sans nous presser,
Son téton rose,
Lorsque notre baiser sur son sein se repose… »

« Indécrochablement,
Ma sève colle
Le complément
Sur le cahier d’école.
J’ai fabriqué aussi
Le cube
Que voici »
A dit le tube.
« Moi, amoureusement,
Dit la fébrile bouche,
Je fais coller l’amant
À l’amante farouche
Par lèvre interposée,
Et fusion rosée. »

« Oui, l’on peut corriger, déclara, sans rancœur
Aucune ni tourment, l’effaçable marqueur,
Au cahier de latin, les fautes de mon feutre :
Mon masculin, mon féminin, mon neutre...
Mais vous devez faire attention :
Si l’on me laisse ouvert, je sèche ! »
« Moi, dit l’index, je suis de mèche
Avec les autres doigts, pour fouiller ses toisons. »
« De caresser son cœur, ajouta l’annulaire,
J’en reperdrais bien mon latin,
Peuchère ! »
Et moi, renchérit le coquin
Majeur,
Je suis un incorrigible
Marqueur !
En elle, mon amour, est au sien fort sensible. »
« Indélébiles sont les deux », a paraphé la main.

Késaco

ÉROBRÈVES...

Le bijoutier

Il enchâsse
Une perle
Son doigt passe
Elle déferle...

Baisers

Ô, dune blanche
de ma lèvre parcourue,
en baisers d'écume salée,
éperdus,
ta hanche !


Oasis

Dunes mouvantes
Des ardentes
Amantes...
Entre,
Leurs mains insolentes
Glissent
Vers leurs oasis
De moiteurs :
Leurs antres
Des mystères
Pour leurs cris solitaires...
Ô, cuisses !

G"... comme...

Galop labial...
Génal empourprement...
Gerbes de sourires...
Glissement digital...
Gourmandise de plaisir
Glumellure florale...
Gémissements...
Point !


Palais...

Un sourire des commissures
Illuminent les yeux de désir.
Elles s'ouvrent à l'aventure
De l'unisson du plaisir...
Ô, lèvres multiples !


Caresses...

De monts en vallées,
elles descendent et grimpent,
tantôt Vénus, tantôt azalées,
d'obélisques en olympes :
Ô, paumes d'amour
aux doigts coquins !


Doigt...

Elle sait
L'accord parfait
Du plaisir féminin
Lorsque la main
Devient fleurette,
Ô majeure phalangette !


Langueur...

Elles s'humectent du plaisir
de la rencontre sublime
de l'entremêlement des palais
et du désir de la caresse...
Langoureuses au baiser
et gourmandes de perle...
Ô, papilles !


Chapelette

Chemin long entre deux épaules,
délice de la caresse qui frôle
le sable
parsemé de grains de beauté
impensable,
douceur menant aux dunes
de la fébrilité...
Et sous la lune,
la féminité
qui s'abandonne...
Ô colonne !


Enlaciers...

En se tendant,
Ils tendent tout,
vers l'irrsésistible
Enlacement
Des nudités
Érectiles...
Ô bras cajoleurs !


Douceur...

Il quémande
Les mains.
Cela se voit
Dans les pupillles
Amandes.
Les doigts
d'un amoureux parcours
Danseront leur quadrille
Sur le vélin
Et chanteront leur discours
Coquin...
Ô épiderme de satin !


Poils...

Ô, enfouissement des mains,
soies en pagaille du matin !
Ô, clignements, défroncement extras,
de sourires arrosés !
Ô, écartement des bras,
en moiteur de rosée !
Ô gravissement de la déraison
à l'horizon !
Ô toisons !

Vous dites ?...

Mâle diction ?
Aspiration !
Rouge permission ?
Inspiration !
Folle pression ?
Expiration !
Femme passion ?
Respiration !
Ô bouche !...

Késaco

hum, c'est bon !

José

il y a longtemps que je t'aime
jamais je ne t'oublierai

Éros est toujours formidable
dans les mots de José.

Gi

Gi,

J'ai placé ce poème en espérant corriger le mot List qui s'écrit Liszt. Pourrais-tu faire la correction tout au début de ces poèmes érotiques? Merci!

José

C'est fait... José.

hum...

Bonjour Jean-Louis

ton texte sera dans ma chronique de vendredi le 16 :
http://planete.qc.ca/invitation/
voir dans les archives ensuite (en haut à droite).

Merci,

Ginette

Prends ce calice d'or.

Je hume le parfum de ton nid épicé
Et amoureusement j'approche les narines
Ta tête lentement par ma main caressée
Se pose sur mon sceptre qui déjà se dessine

Avec délicatesse, ta langue effleure à peine
Le fruit de notre amour gorgé de son nectar
Libérant son désir de ses épaisses chaînes
Suaves phéromones, doux comme un nénuphar

Prends ce calice d'or, porte le à ta bouche
Et bois en l'ambroisie légèrement salée
Tu y découvriras, dissimulé, farouche
Un très rare parfum qui saura t'enivrer

Et lorsque rassasiée de ce fameux délice
Ton corps dans le repos voudra enfin sombrer
Avant de t'endormir, sur ta douce peau lisse
Je déposerai mon amour un ultime baiser


Malpas éric.

Oh ! bel érotisme...
Merci.

Je suis ravi, que tu aies aimé mon texte ginette.

Éric

ton texte sera dans ma chronique de lundi le 19 mars... voir dans les archives ensuite (en haut)
http://planete.qc.ca/invitation/

merci...

Ginette

Petit arpège

Blanche, ronde, croche-plaisir
de ma portée
emportée,
en soupir
d’une anacrouse,
vers la pelouse
de votre ventre…

Noire-chevelure, demi-ton, clé de sol,
envol
sur votre gamme
de femme,
vers le dièse
de votre lyre, paramèse
de votre centre…

Triolet, bécarre, à la mesure
de votre vague pélagienne,
vers la divine césure,
sans altération ni morgue,
sous la cloche vénusienne
du secret point d’orgue
de votre antre…

késaco

Jean-Louis

j'ai souri en lisant ton premier texte...
quel bel humour.

merci pour tes deux poèmes et passe une belle journée.

Bisous,

Gi

Rose Sélavy

A mon avis, à mon humble avis,
Rose Sélavy a planté tous les interdits !
Elle a pour devise « La vie en rose,
Le vit pas autre chose ! »

Rose n’aime que le vit,
Elle croque la vie, elle mange le vit !
Rien ne s’y oppose,
Même les esprits les plus moroses !

La vie sans vit, n’est pas une vie,
Dit-elle sans crainte et sans souci,
A vingt ans on le propose,
A quarante ans on l’impose !

C’est l’unique sens de sa vie,
Il y a la vie, il y a le vit !
A petite ou forte dose,
Elle ne vit que pour cette cause !

A cette leçon de vits,
S’ajoute la plus digne des envies !
Ma vie s’est écrite dit souvent Rose,
Avec des vits, des vits virtuoses !

Moi je trinque à l’amour à la vie,
Que serait la vie sans le vit !
Un rêve évanoui, une œuvre non éclose,
Là je rejoins parfaitement Rose…

Vers à soi

Quel agréable visiteur poète que re-voilà.
Et qui nous parle de Rose et de vit, étonnant.

Bisous sur tes deux joues...

Gi

Cinq à Sept

Crois-tu que tout se résume,
A cette étreinte de cinq à sept,
A ce désir que tu rallumes,
Dans cette chambre sous une couette ?

Crois-tu que tout se résume,
A cette jouissance prise à la sauvette,
A mes doigts légers comme une plume,
Sur ta poitrine qui halète ?

Crois-tu que tout se résume,
A ma langue qui volette,
Aux flammes qui nous consument,
A ton corps, à ma braguette ?

Crois-tu que tout se résume,
A tes fantasmes que tu projettes,
Au rôle, fièrement que j’assume,
Dans tes abandons, tes tempêtes ?

Crois-tu que tout se résume,
Aux envies auxquelles tu es sujette,
A ton plaisir, aux jets d’écumes,
A tes spasmes sur la ligne de faîte ?

Crois-tu que tout se résume,
Aux volutes de ta cigarette,
Aux amants que nous fûmes,
Avant le prochain cinq à sept ?

Vers à soi

MON CORPS STRADIVARIUS

Quand tes doigts se promènent
Sur les cordes de mon corps
Et que ton souffle irrigue
Le sang de mes veines…

Quand tes mains freinent
La note devenue trop aiguë
Et que ta bouche sur mon corps
Ponctue un silence…

Alors, je ferme les yeux.

Quand ton archet traîne
Sur l’arc de mon dos
Et que tes doigts musiciens
Parcourent la portée de mes reins…

Quand tes mains retiennent
L’écho d’un arpège
Et plaquent un accord
Sur mon corps stradivarius…

Alors, je retiens un cri.

Quand les notes s’envolent
Sous ton archet devenu fou
Et que le rythme du chant
Atteint un spasme inespéré…

Quand toutes cordes vibrantes
S’ouvrent les vannes de mon corps
Et que déferlent ses eaux
Sur un dernier accord…

Alors, s’ouvrent les cieux.


Montréal, 30-OCT-07

RolandeB