Poèmes à thème : Éros & compagnie

Mémoire aux mains nues

par Eric Brogniet
Sélection de Janvier 2 002
Eros en poésie
http://ecrits-vains.com/selection_poesie/janvier2002/index.htm

Dans la journée bleue

Où vont avec lenteur les lèvres bues

Les lèvres doucement mordues

Quand au bout de vos doigts

Crépitent les étincelles et les soleils que l'on dit

Frissonner de foudre et non de froid

Je vous dirai ce que l'on tait

Par habitude ou par effroi

Et qui bouleverse le monde

Sous une toison qui tremble

Avec ma bouche

Entre les faons de vos genoux

Débauche

par Georges Friedenkraft
Sélection de Janvier 2 002
Eros en poésie
http://ecrits-vains.com/selection_poesie/janvier2002/index.htm

d'avoir savouré le chianti
de m'être torturé la rate
mis l'estomac en confetti
le cerveau qui roule en baratte

d'avoir dégusté tes désirs
goûté sucs lascifs de tes rêves
les alambiqués élixirs
qui sourdent à ta voie de sève

d'avoir, gorgé jusqu'à plus soif,
sucé l'encre de tes caprices
siroté alcools qui décoiffent
d'avoir bu à tes orifices

roulé rond comme raspoutine
entre les grands crus de tes plaintes
d'avoir chahuté l'églantine
sur ta peau mordorée d'absinthe

d'avoir confondu sur ta couche
le spirituel le spiritueux
ivre débauché de ta bouche
et d'un tord-boyaux tortueux

je suis au paradis, bouteille
pour toi femme liqueur aux reins
je donnerais monts et merveilles
et même un baiser souterrain !

Milie se vit

par Kelig
Sélection de Janvier 2 002
Eros en poésie
http://ecrits-vains.com/selection_poesie/janvier2002/index.htm

Elle avait mis ses nylons
bas soyeux qui donnaient un air
la lumière se tamisait
la chambre prenait une apparence
dans la nuit partout
Milie enfin elle
se mirant dans le rectangle d'Alice
laissait les mains frôler
les gestes détendre
des menus petits pieds
ils glissaient le long de la jambe
posée sur quatre pieds de bois
elle se lovait comme un bébé
le regard en biais
le reflet sensible
perdue dans un vague
qui séduit, qui saisit

Soudain
on entre, on intruse, on pénètre

Oh! C'est toi? Ah!
Ben dis donc la frangine
t'es drôlement bien roulée

La toile légère, dentelée et fine
sur son intimité
Milie s'assit
oublia, passa
sa folle tendresse, son instant de délice
dans son corps isolé
et écouta le cadet
s'épancher sur sa vie
étaler ses soucis
en grande sœur
émit les conseils
s'occupa des tourments
régla les doutes puis,
à nouveau seule
soupira, se coucha, s'endormit

Pointes levées, ardentes
doigts entrelacés, de la chevelure
cuisses mi-serrées, mi-sourire
Milie rêve, Milie s'enfuit, Milie aime
Milie Milie la nuit.

Paysage charnel

par Angèle Lux
Sélection de Janvier 2 002
Eros en poésie
http://ecrits-vains.com/selection_poesie/janvier2002/index.htm

Rus asséchés. Filets taris. Midi pesant.
Estampe vultueuse de l'astre qui brasille,
Burinant ses empreintes sur les terres arides,
Incendiant mes lèvres et ma chair,
Brûlant ma retenue sur l'autel du désir.

Mes sens aigus, tendus grincent,
Exaspérés par la sécheresse démente.
Le désir ruisselle, cataracte fertile,
Mascaret m'enlevant au passage.
Relent de la bête lavée par la tempête.

Franck est un chat

par Murièle Modély
Sélection de Janvier 2 002
Eros en poésie
http://ecrits-vains.com/selection_poesie/janvier2002/index.htm

Citation :

Je suis abonnée à ecrits-vains depuis des années et ce soir j'ai retrouvé ce e-mail... coquin. Merci.
Gi

Tu fais le dos rond
Assis sur le bord du lit
Mon chat, mon amant
Et je compte du bout des doigts
Le déroulé de tes vertèbres
Ton long collier
Qui me bascule
Pas à pas, doigt à doigt
Dans un frisson
Alors mes seins pointent
Sous tes mains ensommeillées
Et la toile de ta peau
Dessine la courbe de mes lèvres,
Réveille mes papilles...
Et voilà que ma langue
Lourde de salive
Sirote tes grains de beauté,
Petits champignons hallucinogènes
Disséminés de part en part
Sur tes jambes, sur ton cou
Sur ton torse, sur tes joues
Je m'applique à suivre le chemin
Que me dicte
Leur parfum
Voilà que tu t'allonges
Je glisse sur les dunes,
Et ta queue dans un songe
Se meut sous mes caresses
Mes balades diurnes
Qui a dit que la forêt est un lieu calme ?
Mon félin aux senteurs de sous-bois
Je m'escrime à te dévorer
Le coeur par quelque biais
Voilà ta peau qui vibre,
Ta queue qui soubresaute
Et moi je suis avide,
Je mange , lèche et suçote
Pointe de ma langue
Les veines sous ton gland
Qui incroyablement
Font déferler en moi
Des ruisseaux, des rivières
Je mouille et me répands
Mon amour est torrent...
Qui a dit que les chats n'aimaient pas l'eau
Toi, tu t'y baignes, tu t'y roules
Nous chahutons,
Nous emmêlons
Nous mélangeons
Sous la houle...
Et quand je sors mes griffes
Tu miaules, ou peut-être soupires-tu
C'est ton écho torride à mon feulement
C'est ton regard immense
Mon chat aux yeux d'aimant
Qui bouleverse mon âme
Mon ventre languissant
Avant que ne me transperce
Ne me cloue, me traverse
L'insoutenable jouissance...

Paméla
Paroles et Musique: Pierre Perret


Elle mettait des slips tout bleus à ma fenêtre
Et des p'tits éclairs voyous au fond de ses yeux
Sa fermeture à glissière
Fonçait comme le chemin de fer
Elle passait comme Attila sur mon matelas

{Refrain:}
Paméla Paméla
C'est la môme que je préfère
Evidemment faut se la faire
Mais c'est une nana d'enfer

Elle m'a demandé le chemin qui va nulle part
Je lui ai dit ça tombe bien c'est là que je vais
Elle dit j'ai perdu Gaston un magnifique vieillard
Et je serais bien triste si je le retrouvais

{au Refrain}

Pour notre premier rembour ce p'tit chameau
Avait enfilé un pull trois tailles en dessous
Son futal était serré
Son slibar bien amarré
Fallait carrément que j'attaque au chalumeau

{au Refrain}

Elle est venue entre la poire et le chômage
Visiter mon somptueux huit mètres carrés
Elle entra dans mon boudoir
Bien en retard sur ses nibards
Elle me les braquait en plein dessus je me suis rendu

{au Refrain}

Elle me pose ses deux seins j'en retiens un
Je me dis j'aurais toujours l'autre pour demain
Puis elle me roule une saucisse
De quoi appeler la police
Le genre de petit truc qui laisse des cicatrices

{au Refrain}

Elle mettait des slips tout bleus à ma fenêtre
Et des p'tits éclairs voyous au fond de ses yeux
Sa fermeture à glissière
Fonçait comme le chemin de fer
Elle passait comme Attila sur mon matelas

empedocle a écrit:

Gi,
Décidemment, j 'ai vraiment la tête ailleurs ! Confondu MP et réponse !!! Pardonne moi.
Amitiés
Jacques

Mais te pardonner quoi... ici ou en message privé c'est correct, ce que tu as présenté est vraiment beau. Si jamais une chose me déplaisait je l'enlèverais c'est tout... Mais je doute que cela arrive.

Gi

" Qu'il me baise des baisers de sa bouche.
Tes amours sont délicieuses plus que le vin, ;
l'arôme de tes parfums est exquis,
ton nom est une huile qui s'épanche"

proclame Le Cantique des Cantiques ; écoutons Senghor :

" Oui ! elle m'a baisé, banakh, du baiser de sa bouche
Et ma mémoire en demeure odorante de l'odeur fraîche du citron, du mimosa indien
Bruiteur de senteurs en avril. "

Léopold Sedar Senghor

COUCHÉS DANS LE FOIN AVEC LE SOLEIL POUR TÉMOIN
Couchés dans le foin
Avec le soleil pour témoin
Un p'tit oiseau qui chante au loin
On s'fait des aveux
Et des grands serments et des vœux
On a des brindill's plein les ch'veux
On s'embrasse et l'on se trémousse
Ah ! que la vie est douce, douce
Couchés dans le foin avec le soleil pour témoin.


Couchés dans le foin, paroles de Jean Nohain, musique de Mireille, 1932.

lu sur ce site grâce à Micky

http://laboiteaimages.hautetfort.com/archive/2005/07/27/couches_dans_le_foin_avec_le_soleil_pour_temoin.html

Mirage

Je fais l'amour à ton image
Là où la lune fleure l'eau


C'est le soir où se déshabille
La lune dans ses pièges d'eau
Soir de laitance humide et chaud
Où l'huître sort de sa coquille


Je me multiplie en fantômes
Et des rêves de désir d'ombre
Éclosent en moi. Je dénombre
Mes fleurs de péché en atomes



Sur ton image je me couche
Dans l'eau labile qui palpite
Dans le creux du rocher qu'habite
Le serpent d'eau aux mille bouches


La brise souffle sur mes seins
Lapés de baiser indécent
La flamme me lèche et descend
Licher à la fourche des reins


Je crépite, me déracine
Je veux oublier qui je suis
Ce que tu es, qu'il est minuit
Que ma plaie s’éventre et lancine


Les algues patinent mon ventre
Comme des langues érotiques
Âpres orgasmes extatiques
Inassouvie je me décentre



J'ai fait l'amour à ton image
Là où la lune flouait l'eau.



de Marie Bataille

Le bouton d’or

Approchez-vous !
Tout bas ,je vais vous conter ,
Comment j’ai couru le guilledou,
Dans des propos libres ,des propos guillerets.
Ne m’en voulez- pas !
Je vais utiliser une métaphore.
Pour lui ,pour nous ,c’est plus sympa,
Et quelque part je l’honore…

Je cherchais une nouvelle ambiance,
Lui aspirait à un nouveau décor.
Ca été mon jour de chance,
J’ai su lui apporter soutien et réconfort !
Perdu dans ses douces pensées,
Ce soir là le bouton d’or rêvait,
Prompt à frémir ,
Au plus secret plaisir.

Savez-vous !
La nature est bien faite.
Seul ou loin de son époux,
Le bouton d’or reste en fête.
Car c’est une primevère ,
Qui a soif de baisers ,de caresses,
De caresses, de baisers car rien ne le désaltèrent.
Et là , en aucun cas le temps presse.

Sans aucune exagération ni outrance,
Sans musique ni violon,
J’ai su être que patience.
Sur ce tapis de roses, le bouton d’or est parti à l’abandon.
Aux petits soins et entouré de bouclettes,
Il a goûté à tout et de toutes les façons.
J’en ai perdu la tête,
Dans ce lit de plumes ,sous l’édredon.

Entre-nous !
Nous n’étions que douceur et complexité.
Nous sommes allés, je ne sais où ,
Dans ses goûts et ses sens ignorés ?
Le bouton d’or s’est offert au dur désir,
Jusqu’aux lueurs de l’aurore,
Je me suis fait ondes à ravir.
C’était intense et fort.

Est-ce tout ?
Non, car le bouton d’or couleur framboise,
Fiévreux partout,
S’est livré sans retenue à l’extase.
Dans ce grand frisson où fusionnent l’âme et le corps,
Les flèches de l’amour ont orné le guéridon.
Je me suis vidé jusqu’aux bords,
Noyant ses sens ,son âme et sa raison…

Vers à soi

hum... c'est sensuel ça. Très.

Merci.

Gi

Je savais que ce texte aller te plaire chère GI...
Il est tout en métaphores...
Vers à soi

vers à soi a écrit:

Je savais que ce texte aller te plaire chère GI...
Il est tout en métaphores...
Vers à soi

parfois... oui parfois tu ressembles à un autre poète que j'ai connu...
C'était pas pareil mais

parfois seulement et à qui?
Vers à soi

à qui ?

son pseudo se teminait par 72,

Non je ne suis pas 72...
mais vers à soi...
Les vers qui font du bien par où ils passent...

Vers à soi

Ton âme est une flamme
Qu'un feu ardent habite,
Ton âme est un soleil
A nul autre pareil.

Dans le lit de ma rivière
Elle se mire dans les flots,
Elle se fond dans la lumière
De mes yeux mi-clos.

Elle brûle dans mon coeur
Comme un soleil de minuit,
M'offrant tous les bonheurs
Jusqu'au bout de la nuit.

Quand mon âme te rejoint,
A n'en plus faire qu'une,
La douceur de tes mains
Caresse mes deux lunes.

De sanglots en murmures,
En gémissements d'ivresse,
Ton épée devient dure,
Palpitante, elle se dresse.

Dans le soufle du désir,
Le brasier qui s'empare
De nos corps en délir
Romp d'un coup les amarres,

Et nos âmes enfiévrées
S'envolent à tire d'aile,
Tressayant de volupté,
Sirènes sensuelles.

Antigone (8.9.2005)

Il est parti si loin
Que j'en ai oublié,
La douceur de ses mains
Sur mes dunes enfiévrées.

Il est parti hier
Vers d'autres latitudes,
Il était beau et fier,
Et j'ai perdu l'habitude

De ses baisers brûlants,
Qui jamais ne s'arrêtent,
De son dard triomphant
Que j'appelle sans cesse ;

Reviendra-t-il un jour,
Cet amoureux transi,
Voyageant tour à tour
Sous d'autres galaxies ?

Viendra-t-il me conter,
Je n'ose l'espérer,
L'art et la manière
Du plaisir ? Mystère !

Antigone (8.9.2005)

(Les paroles de cette chanson ne sont, hélas, pas de mon cru ; toutefois, vu le contexte et aussi leur beauté, je ne peux m'empêcher de vous les livrer ici)

Celui d'Alice

Paroles et Musique: Pierre Perret 1976
© 1976 - Editions Adèle
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Si je me réfère
A mon dictionnaire
Il est temps de faire
La définition
De ce mot espiègle
Qui échappe à la règle
Plus noble qu'un aigle
Dans sa condition
Ce mot vous le dites
Censeurs hypocrites
Etablissez vite
Son vrai sens profond
Car si on l'ausculte
Au lieu d'une insulte
On peut faire un culte
Du joli mot con

Ce lieu de délices
N'a pas de notice
Mais même un novice
En aurait la clé
Y a sous sa pelisse
Le climat de Nice
Entre deux éclisses
Tendrement musclées
Moi mon seul complice
C'est celui d'Alice
C'est de la réglisse
Du petit sucrin
La frêle couture
Qui pourtant l'obture
Me lit l'aventure
Au creux de la main

L'amour enjolive
Sa discrète ogive
Aux petites rives
Finement lactées
C'est un édifice
Tout en haut des cuisses
Un village suisse
Un matin d'été
Un mont de déesse
Qui gonfle et se dresse
Trouve la caresse
Quand soudain jaillit
Le berlingot rose
Vers ma bouche éclose
Comme un flamant rose
S'échappe du nid

Tartuffes notaires
Bourgeois de Cythère
Qui trouvez austère
Cet endroit charmant
Il vous est bizarre
Rien ne le compare
A votre outil rare
De super-amant
Apprenez Jocrisse
Frustrés de service
Que celui d'Alice
Bat pour le plaisir
Et qu'il se démène
Sous les coups obscènes
D'un mât de misaine
Qui le fait jouir

O tendre blessure
Divine échancrure
Sous votre toiture
De satin frisé
Du petit losange
Filtre l'eau du Gange
Entre mes phalanges
Soudains baptisées
Que la cicatrice
Si jolie Alice
Jamais ne guérisse
Mes amis sinon
Dans ce monde triste
De baiseurs centristes
Qui jouent en solistes
Je me sens si con

Tres joli Antigone...Je ne connaissais pas...J'ai beaucoup souri....
Tres gentille et douce Antigone à bientôt
Vers à soi

Bonjour Antigone...
Celui d'Alice c'est un texte si amusant... Et dire que j'ai failli le rater...
Bisous et un clin d'oeil à Vers à soi
Gi

Bonsoir, vers à soi et Gi,

Ce chanteur français n'a pas écrit que des chansons "rigolottes" que tout le monde reprend en coeur ; en général, il écrit dans un langage très familier, et surtout... très imagé (!), un vrai poète de l'argot !

Bisous

Antigone.

Antigone

Tes poèmes sont supers eux aussi. Merci.

Gi