HIROSHIMA Le soleil qui montait amignonnait les dunes ;
Ils attendaient, transis, égarés dans le noir,
Ils n’avaient comme ami qu’un sourire de lune :
La mort impatientée envahit les trottoirs !
Le soleil qui montait remaquillait les crêtes,
Etoilant de brandons leurs pauvres oripeaux
Et son glaive effleurait les boucles de leurs têtes,
Déposant son empreinte, à jamais, sur leur peau.
J’ai vu tomber des cieux cet or qui les mutile
Sur des corps mis à nu par l'infâme bourreau,
Un éphémère instant, innocente et fragile,
J’ai senti, dans mes yeux, les larmes des sanglots.
Quand le jour se leva ressuscitant le monde,
J’ai vu, dans un éclair, à travers l’incendie,
Tant hommes qui pleuraient devant cent mille tombes
Où s'enlisaient des corps torturés et meurtris.
Dans les cendres figées sur les toits de la ville,
L’horizon écarlate empourprait les torrents
Et le chant des oiseaux, aussi ténu qu’un fil,
N’aurait pu inhiber l'horrible embrasement !
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Chacun se rappelant, chacun à sa manière,
S'ils ont tant attendu, égarés dans le noir,
Et même s’ils ont dit les mots de la prière,
Le soleil est, toujours, couleur de désespoir.