L’être et le Néant

- Qui es-tu ?

- Je suis.

- Tu es ? Mais qui es-tu ?

- Je suis libre.

- Tu es libre ? Mais libre de quoi ?

- Libre de penser.

- Tu es libre de penser ? Mais de penser à quoi ?

- Je suis libre de penser à moi, aux autres.

- Tu es libre de penser aux autres ? Mais l’enfer, c’est les autres, n’est-il pas ?

- Oui, c’est vrai. Les autres ne voient que l’image que tu renvoies.

- Et s’ils te renvoient une image de toi, tu n’es plus libre, puisque tu n’es plus qu’une représentation de toi.

- Oui, une représentation de moi.

- Donc tu n’es pas libre.

- Si je suis libre de refuser l’image qu’ils se font de moi.

- Comment ?

- En faisant le vide autour de moi.

- Le vide.

- Le néant.

- N’est-ce pas trop ?

- Trop quoi ?

- Trop !

- Oui, mais non. Ceux qui ne voient qu’une image, ne voient qu’une image qui n’a pas d’autre consistance que celle de leur représentation. Leur montrer une autre image, feront qu’ils la refuseront aussitôt, leur imaginaire s’en étant forgé une autre.

- Mais n’est-ce pas nous qui sommes responsables de l’image que l’on renvoie.

- Sans doute.

- Et donc nous serions notre propre enfer.

- Oui. En cela, on peut se demander si l’on est vraiment libre, car quelque soit cette image, elle n’est qu’un reflet, une image inversée, comme celle que l’on reçoit quand on se regarde dans un miroir. Même le miroir ne reflète que ce qu’il voit, une image sans profondeur..

- Et en cela, juste ce que l’on veut montrer.

- Oui. Donc, on est libre.

- Comment ça ?

- Libre, de jouer sur l’image que l’on veut montrer de soi.

- Oui, mais elle est faussée. Puisque ce n’est qu’une image de soi et isolée.

- Peut-être. Peut-être que les autres ne voient que des images isolées de soi, qu’ils mettent bout à bout, pour créer avec leur sensibilité, l’image qu’ils ont de nous.

- Oui. Ils sont libres de le faire.

- Oui. Et si l’image ressemble aux toiles de Picasso… Ce n’est pas bien grave… Etre vu ainsi me plait. Même si parfois, devant certaines toiles on a du mal à s’identifier, se reconnaître. Et en cela, on se sent bien seuls.

- Le vide.

- Le néant.

Bien beau dialogue choisi, pour délivrer ce message lucide.
Merci, Imagine.

Imagine

très intéressant ce dialogue...
sommes-nous en tièrement responsable de l'image qu'on projette ?