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 Le jardinier et la Terre

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3 participants
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Emilie
100 messages
Emilie


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Date d'inscription : 26/12/2004

Le jardinier et la Terre Empty
MessageSujet: Le jardinier et la Terre   Le jardinier et la Terre EmptySam 12 Fév - 13:01

Le jardinier et la terre



Il était une fois un jardinier pareil à tous les jardiniers.
Mais celui-ci faisait nuit et jour un rêve particulier.
Il rêvait d’une fleur. Sa fleur !
Une seule peut-être mais qu’elle soit à lui.
Il se disait qu’elle serait la plus belle des fleurs parmi les fleurs.
Il gardait amoureusement dans le fond de sa poche, un mélange de graines.
Un mélange de graines, car il ne voulait pas savoir si sa fleur serait une fille ou un garçon.
Qu’importe qu’on la nommât Jacinthe, Pivoine, Lys ou Coquelicot !
L’important c’est que sa fleur soit unique, qu’elle grandisse sans problèmes et qu’elle soit en bonne santé.
Ce matin là, il s’approcha de son jardin. Il y avait si longtemps qu’il ne le faisait plus.
Il l’aimait pourtant son petit bout de Terre !
Pris par les habitudes, il ne la remarquait plus. Elle subissait sa solitude. Il la regarda sans la toucher et lui dit :
« Ma Terre, veux-tu me donner une fleur ? J’en rêve depuis si longtemps déjà ; je t’aime ma Terre !
Notre fleur je la désire tellement, le temps passe. Fais moi la plus jolie fleur de mon jardin ».
La terre demeura impassible. Alors le jardinier se mit à genoux. Il posa ses mains sur la Terre, la toucha du bout des doigts, où il pouvait car la Terre demeurait inaccessible par de nombreux endroits.
Les minutes passèrent. Regardant la Terre, il s’avoua vaincu, sa Terre n’était plus en état de lui donner une fleur.
Mais du fond de sa tristesse, il entendit dans ce grand silence, un murmure. Il tendit l’oreille en s’approchant plus près. Oui, il en était sur maintenant, Sa Terre lui répondait d’une voix monotone, certes mais elle parlait :
- Mon jardinier, il y a si longtemps que je veux une fleur avec toi. Une fleur qui serait la plus belle de toutes mes sœurs les Terres, la plus belle de tous tes frères les jardiniers, mais pendant toutes ces années tu n’es guère venu me regarder. Des mauvaises herbes m’envahissent, des liserons me retiennent prisonnière, elles m’empêchent de me chauffer aux rayons du soleil, l’hiver me glace avec son manteau de neige. Vois ce que je suis devenue. Je t’ai souvent appelé dans mes silences mais tu ne m’entendais pas. Sans soins, sans eau, sans nourriture, je suis devenue imperméable, stérile. Pourrais-je aujourd’hui te donner ce que tu me demandes ? -
Trop ému le jardinier pleura, ses larmes roulèrent sur ses joues et tombèrent sur le corps de sa Terre, glissèrent sur sa surface tant elle s’était asséchée.
Le jardinier à travers deux sanglots, la caressa, mais elle ne ressentit rien.
      « Oh Terre, ma Terre pardonne moi, je n’ai pas su t’entendre, je n’ai pas su te voir. La solitude me pèse, je sais que je ne peux rattraper le temps perdu, le temps que je ne t’ai pas donné, mais ce dont je suis certain c’est que l’amour que j’ai pour toi n’a jamais failli. Je vais t’aider si tu le veux, tu redeviendras une belle Terre, ton cœur est resté fertile, je le sais, nous aurons une jolie fleur dans notre jardin d’Eden. Attends. Je viens ».
Le jardinier essuya ses larmes du revers de sa main.
Il releva les longs cheveux de liserons qui envahissaient la surface de la Terre. Il enleva une à une les mauvaises herbes avec des mots d’amour, de la surface de la Terre.
Il trouva sa peau stigmatée par les ans, mais il était persuadé qu’en creusant un peu plus profondément
Le cœur de sa Terre restait intact.
Alors il se baissa encore un peu plus, la caressa partout, en insistant sur l’épiderme de sa Terre, il embrassait sa Terre, l’abreuvait de ses larmes, la nourrissait de paroles douces. Il l’entendit gémir, elle frissonnait enfin sous ses caresses, elle s’ouvrait peu à peu à lui.
Le cœur du petit jardinier battait à tout rompre, il savait que sa Terre était prête à lui rendre son amour.
Avec son doigt il chercha l’endroit le plus chaud de sa Terre, il le caressa longuement, enfonça son doigt dans le trou de la terre, lentement, jusqu’à ce qu’il sente son humidité. Il resta ainsi le doigt planté là. La terre s’accrochait à lui, elle semblait voler sur un nuage. Alors dans un grand élan d’amour il déposa ses graines. Le souffle de plaisir de la Terre se confondit dans le souffle de bien-être du petit jardinier. Longtemps il prolongea ces instants sans bouger, sans retirer son doigt, il était bien dans ce nid d’amour. Elle aussi. Puis, il retira son doigt, caressa encore doucement, délicatement pour laisser se refermer le trou de la Terre et lui dit tendrement :
      «  Ma Terre, tu es la plus douce, la plus belle, merci de ces instants d’amour. Bois à mes lèvres cette eau qui te manque, mange à ma bouche la nourriture que je te donne, nourris toi et nourris notre fleur ».
La Terre devint rouge de plaisir et dit dans un long soupir de soulagement :
      -Mon beau jardinier je t’aime comme au premier jour, le jour où par hasard tu es venu vers moi, vers cette parcelle trop à l’écart, trop petite, tu as sondé mon intérieur et pris mon cœur, je te remercie pour cet amour-.
Puis elle s’endormit sereine.
Il la regarda quelques instants encore avec le même regard d’envie de leur première rencontre.
La lune montante était propice à la naissance de rejetons.
Le drap de la nuit descendit pour couvrir la Terre.
Le jardinier se releva et partit sans bruit pour ne pas la réveiller.
Depuis ces heures sublimes, il se levait tôt. Il tendit sa main sur la surface de la Terre, il ressentit la tiédeur de son corps, laissée par l’amour qu’ils s’étaient donné.
Mais malgré ce bonheur, il demeurait anxieux.
«  Et si ma Terre n’était plus assez jeune, si elle n’avait plus assez de ressources, pour mettre au monde notre bébé ?  Si moi, je n’avais pas gardé dans ma poche les meilleures graines depuis toutes ces années ? Ces pensées l’obsédaient.
Silencieux et admiratif devant tant de beauté, il la regardait dormir. Il percevait la respiration régulière et tranquille de son petit bout de Terre.
Chaque jour épousait une nuit. La lune veillait sur elle, quand le soleil montait dans le ciel, la lune partait dormir à son tour et le petit jardinier prenait le relais pour veiller sur la Terre.
Le temps passa sans que rien ne se manifeste dans l’attitude la Terre.
Pour se rassurer le petit jardinier consulta le médecin de la Nature. Celui-ci préleva un peu de sang de la Terre, qu’il analysa. Une graine, une seule parmi ces millions de graines était bien parvenue dans son ventre et deviendrait la petite fleur tant espérée. Sa gorge se noua. Il parvint à dire enfin.
   «  Ma Terre, ma toute belle. Notre fleurette est là dans ton ventre bien à l’abri, elle naîtra au cœur de l’hiver, elle sera plus robuste, passionnée et courageuse ».
Instants magiques, la Terre s’éclaira.
Ils voulaient maintenant lui donner son prénom.
Tu sais, je voudrais l’appeler Pivoine, parce qu’elle aura de bonnes joues, ou bien, si c’est un garçon ce sera Lys, fier et majestueux !-
Le petit jardinier n’était pas d’accord.
   «  Je préfère Coquelicot, pour ses pommettes toujours bien rouges  ou Bleuet pour ses yeux bleus.Mais je suis sur que nous aurons une fille et comme elle naîtra aux environs du vingt cinq décembre, ce sera Rose. Tu veux bien ma Terre ? Rose !! En plus  quelques épines la protègeraient de ceux qui voudraient la cueillir trop tôt. A l’énoncé de tous ces arguments positifs concernant l’avenir de leur fleur, là Terre approuva. Bébé portera le doux prénom de Rose…. Rose de Noël.
Le jardinier n’éprouvait plus le besoin de s’arrêter le soir vers d’autres jardiniers ou d’autres jardinières. Il rentrait le plus tôt possible pour être près d’elle. Elle comptait tellement dans son cœur !
Ce soir là, il trouva sa Terre plus pâle, triste et trop froide.
   «  Qu’as-tu ma Terre, tu es malade ? ».
    -J’ai tout le temps besoin de dormir, dit la Terre, notre fleur prend possession de mon corps pour s’alimenter et boire, je me sens si fatiguée, en plus, je digère mal, j’ai la nausée, je me sens toute chose. En moi, une petite place ne profite pas du soleil et un liseron revient. Veux-tu me redire que tu m’aimes vraiment pour qu’il s’en aille ? Et puis j’ai des envies de nourriture extraordinaire, aussi bien la nuit que le jour-.
Le jardinier se fit plus câlin ; il prit comme on prend un bijou de cristal, sa Terre entre ses mains. La peur de lui faire mal sans doute !
   «  Mon amour, jamais plus tu ne souffriras, je te le promets. Nous aurons le cadeau le plus merveilleux du monde que la nature nous ait offert. Je t’aime. »
Et il arracha le dernier liseron qui faisait mal à la Terre.
Pendant de longs instants ils restèrent dans cette communion divine. Elle était si belle. Amoureux, il posa sa main à quelque centimètre plus haut que le trou, là où, un soir de printemps, il déposa ses graines.
Comme il avait envie de remettre son doigt ! Il y faisait si chaud dans cet écrin de satin.
Dans le ventre de sa Terre une petite vie commençait, il était trop tôt pour lui faire un coucou ! Mais surtout elle était trop fatiguée !
Il rajouta un drap épais sous la couverture de la nuit, puis elle s’endormit avec le sourire de son petit jardinier.
Jamais aucune herbe néfaste n’est revenue faire de l’ombre à cette lumière naissante.
Il gardait son petit bout de Terre dans un cocon de verdure, de calme et de bien-être. Il accédait à tous ses désirs, toutes ses envies, il achetait la nourriture phospholipide, se levait même la nuit pour lui donner, elle buvait l’eau pure de la source. Elle bénéficiait de vitamines régulièrement.
Rien ni personne ne devait la blesser, la décourager. Heureusement, ils vivaient assez loin des autres terres qui ne pourraient donc pas lui dire n’importe quoi et dont elle aurait peur. « Et ben, tu sais pour moi ce fut long », l’autre : Pour moi, au contraire ce fut facile. » Les Terres sont si bavardes sur ce sujet. Trop de détails et trop de contradictions auraient pu inquiéter sa Terre.
Notre jardinier ne possédait pas de poste radio, mais il chantait et jouait de l’harmonica. Cet instrument de musique appartenait à son père. Quand il était petit, il lui interprétait des berceuses pour l’endormir.
Aujourd’hui à son tour, il joua pour fleur  des berceuses et des vieux airs d’autrefois, étant certain que son petit « bourgeon » entendait la musique du fond de son nid.
Attendrissants moments d’émotion, où les larmes du petit jardinier coulaient doucement sans qu’il les retienne sur ses notes de musique.
La Terre dans ces moments là, s’envolait avec légèreté hors de la Terre et planait dans l’espace.
Harmonieuse complicité d’un amour infini !

Son ventre s’arrondissait de jour en jour un peu plus. Tout remuait en elle.
Petit jardinier aimait mettre son oreille collée sur le ventre de son Amour, il entendait le cœur palpitant de la vie nouvelle.
Ce soir là, il sentit une caresse sur ses cheveux, la tendresse et la reconnaissance de sa Terre.
Les mois passèrent dans un bonheur total. Le ventre de la Terre était devenu très gros, très lourd. En bonne santé, elle attendait patiemment de s’ouvrir pour donner la vie.
Nous étions à la fin de l’automne, saison où les arbres se déshabillent de leurs couleurs flamboyantes, où la nature se prépare au sommeil de l’hiver.
Une nuit pendant son sommeil, le petit jardinier se réveilla brusquement. L’appel de sa Terre ?
Encore endormi, il se leva, les cheveux ébouriffés, les yeux à peine ouverts.
Sa Terre gémissait, elle souffrait. De l’eau coulait de son trou, inondant sa rigole. Il comprit que fleur arrivait.

La Terre ne savait pas comment contenir sa douleur, c’était la première petite fleur qu’elle faisait. Elle avait bien entendu le récit de la venue au monde des fleurs des autres Terres, mais jamais personnellement elle n’avait encore connu ce « mal joli », comme lui disait sa mère. Oh oui, elle avait mal, son ventre gonflait à la déchirer en deux, puis la douleur se calmait quelques instants et recommençait plus forte encore. Dans son regard, elle implorait  l’aide de son jardinier, mais il ne pouvait que l’accompagner et l’encourager.
Il resta de longues heures, la main sur sa Terre, il avait mal lui aussi. Ouvrir ce trou pour la délivrer enfin de ses douleurs. Mais il ne pouvait rien, la Nature travaillait et elle travaillait bien.
Par instant, la Terre criait, ou haletait comme un petit chien pour couvrir sa douleur, il pressait sa main plus fort sur son "épiderme " pour lui communiquer sa force et son amour. Il l’admirait dans ces moments de souffrance, elle devenait encore plus belle à ses yeux. Si belle dans la douleur de l’enfantement.
Les heures parurent interminables, ils attendaient que leur « enfant » arrive.
Et la Terre recommença tout à coup à respirer plus vite, son ventre se tendit encore plus fort, plus vite. Rose poussait avec sa tête dans le long tunnel qui l’amenait lentement jusqu’à la sortie du trou de la Terre. Elle quittait peu à peu le vase rempli d’eau dans lequel elle vivait depuis neuf mois comme un petit poisson.
A chaque poussée de la Terre, la petite fleur gagnait quelques centimètres vers la sortie du tunnel.
Ce fut un travail long mais magnifique.
Dans un ultime effort elle poussa et le jardinier vit jaillir du trou une toute petite tête.
Rose venait de naître.
Maman Terre hurla de bonheur, Papa jardinier pleurait. Au milieu des sanglots et des baisers mouillés, Rose poussa son premier cri. Cri de joie ? Cri de douleur ? Peu importe.
Ce fut un cri pour la vie, à la vie.
La Maman Terre offrit Rose à son papa jardinier. Il tendit ses bras vers ce petit oisillon fragile et reçut la petite Rose de Noël contre son cœur.
Maman pouvait se reposer. Papa pouvait être fier. Ils avaient donné à leur vie une raison de vivre, ils avaient donné la vie. La naissance d’une belle petite fleur parmi les fleurs.
L’amour ne quitta jamais cœur du petit jardinier pour sa Terre, ainsi  Rose vécue heureuse auprès de ses parents.

Merci d’avoir lu cette histoire.

Que tu sois un garçon
Que tu sois une fille
Vous êtes des petites fleurs
Ta maman est la Terre
Ton papa est le jardinier
Vous êtes les fleurs dans le jardin du cœur de vos parents
Vous avez besoin du jardinier et de la Terre
Ils vous aiment
Rendez leur l’amour qu’ils vous donnent
En leur donnant votre amour.
Si chaque enfant, de par le Monde
Respecte le jardinier et aime la Terre
Ils vous offriront un champ de fleurs
Faisant de votre vie
Le bouquet du bonheur.


Propriété d’Emilie le 25 juillet 04

Texte remis sur le site de Gi pour le plaisir de ceux qui l'ont aimé et qui l'apprécieront.


Dernière édition par Emilie le Jeu 12 Juin - 12:04, édité 1 fois
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José Chanly
100 messages



Nombre de messages : 1617
Localisation : Fosses-la-Ville
Date d'inscription : 20/12/2004

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MessageSujet: Re: Le jardinier et la Terre   Le jardinier et la Terre EmptySam 12 Fév - 15:06

Salut Émilie,

Beau conte que j'ai déjà eu le plaisir de lire. Hymne à la vie et à l'amour.
On croirait parfois lire "Le petit Prince'.
Je te souhaite une bonne nuit!

José
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Gi
Rang: Administrateur



Nombre de messages : 14616
Localisation : Lévis secteur Charny, Québec, Canada
Date d'inscription : 18/12/2004

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MessageSujet: Re: Le jardinier et la Terre   Le jardinier et la Terre EmptySam 12 Fév - 19:15

Émilie
Ce fut un réel plaisir de le lire à nouveau.
Un cadeau qui sait charmer les grands comme les petits ...
Gi
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http://www.liensutiles.org/gvilleneuve.htm
Contenu sponsorisé





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MessageSujet: Re: Le jardinier et la Terre   Le jardinier et la Terre Empty

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