En prison pour avoir asservi des milliers d’ordinateurs

En prison pour avoir asservi des milliers d’ordinateurs
Par Monique Crépault


Imaginez : vous êtes chez vous, votre ordinateur est allumé et sans que vous le sachiez, quelqu’un voit tout ce que vous faites, lit tout ce que vous écrivez ou met le nez dans n’importe lequel de vos dossiers personnels.

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C’est de ça dont s’est rendu coupable Matthew Anderson qui a infecté des dizaines de milliers d’ordinateurs partout dans le monde et copié des testaments, des dossiers médicaux, des CV et des listes de mots de passe, chez vous et chez moi, mais aussi dans des universités, des hôpitaux et des gouvernements. Les seuls endroits où il n’allait pas : les sites militaires, par peur de se faire repérer.
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Mais il a fini par se faire prendre quand, en 2006, un expert en informatique d’un grand hôpital d’Oxford a eu des soupçons et en a avisé les autorités. Scotland Yard a joint ses efforts à ceux des autorités finlandaises qui s’intéressait déjà au groupe de hackers auquel appartenait Anderson. Suite à leur enquête conjointe, deux pirates ont été arrêtés : Anderson, chez lui, à Drummuir, un petit village du nord-est de l’Écosse et Artturi Alm, il y a deux ans, dans sa Finlande natale.

La conspiration internationale des membres du réseau m00p (M-zéro-zéro-P), le groupe de pirates auquel étaient liés Anderson et Alm, consistait à infecter des ordinateurs grâce à des virus attachés à des courriels commerciaux non sollicités (spams). Matthew Anderson se chargeait d’écrire les courriels et de les distribuer avec les pièces jointes infectées. Il aurait ainsi envoyé 50 millions de spams dans lesquels il avertissait les destinataires que leur ordinateur avait un problème et offrait de le régler. Le virus était relâché dès que l’internaute crédule ouvrait le dossier attaché au message. Le pirate pouvait dès lors diriger l’ordinateur, enregistrer tout ce que l’internaute y tapait, faire des captures d’écran à volonté ou encore, activer la webcam de sa victime. Pendant ce temps, l’ordinateur continuait à fonctionner normalement, comme si de rien n’était.

Environ un internaute sur 250 répondait aux spams d’Anderson, qui travaillait dans l’une des pièces de la maison de sa mère. L’argent semble-t-il n’était pas son mobile puisque la seule façon dont il monnayait les informations qu’il recueillait était en revendant les adresses courriels, activité qui ne lui a pas rapporté plus de 20 000 dollars canadiens.

D’après ce que la cour a pu entendre lors du procès, la principale motivation d’Anderson était plutôt le plaisir et la satisfaction qu’il éprouvait en parvenant à s’introduire dans la vie privée de tant de gens et le sentiment de puissance que cette intrusion lui donnait. Il aimait la sensation de pouvoir qui lui procurait le fait de savoir qu’il avait le contrôle de quelque chose alors que les autres ignoraient qu’il l’avait.

La police a retrouvé dans son bureau des vidéos de douzaines de personnes filmés chez eux, entre autres celle d’une jeune fille qui pleure pendant qu’Anderson s’amuse à modifier les mots sur son ordinateur. Il s’était par la suite vanter à un collègue pirate des divers tourments qu’il faisait subir à cette fille qu’il a épié pendant des heures à son insu.

Le plus ironique ? Matthew Anderson avait parallèlement une entreprise tout à fait légale, un service en ligne de… logiciels de sécurité, qui offrait à ses clients de les protéger des pirates informatiques !

Ça ne vous donne pas envie de mettre un bout de tape noir sur le petit oeil de votre webcam ?