DE SENTIERS EN CHEMINS
De sentiers en chemins, nos pas se sont filés,
Nos yeux se sont croisés parmi tant de regards,
D'entre tous les oiseaux, c'est moi qu'il a domptée,
Entrelaçant en cœur nos doigts au même amarre.
Un baiser dérobé, mais plein de gourmandise,
A scellé nos deux vies un soir du mois de mai,
Lorsque le clair du jour se cache et se déguise
Pour courtiser la nuit quand la lune se tait.
Alors, j'ai consacré ma foi, mon corps, mon âme,
J'avais tant soif d'aimer que, sans trêve ou repos,
J'ai bu jusqu'à l'ivresse à l'aven de sa peau
Et dans mon cœur ailé s'alluma une flamme !
Ô que j'aurais aimé, volant un peu de toi,
Porter, tel un trésor dans un fragile écrin,
Un bel enfant espiègle et, pour qu'il ait moins froid,
Tu l'aurais réchauffé dans le creux de tes mains...
...Mais ne sentirai plus, toute emplie de sagesse,
Intimement mêlé en mon moi maternel,
Blotti dans mon giron, invaincue forteresse,
Qu'un petit bout de vie s'y lie ou s'y atèle.
Il ne s'ancrera plus à mon ventre d'amour,
En mon sein féminin, il ne grandira pas,
Sur la portée du temps où gavottaient mes jours,
Mon corps a trébuché et ne guérira pas,
Car l'automne a zébré de rides mon visage
Et la fatigue a peint des cernes sous mes yeux,
La houle ourdit déjà mon ultime naufrage...
...Il est des soirs d'hiver où dans mon âme il pleut.
Autour de ma raison, les ombres se resserrent,
Le temps cruellement m'en chasse et, pas à pas,
Désormais, je le sais, ma vie est la jachère
Que la sève, au printemps, ne fécondera pas.