PARTOUT, SUR LES TOMBEAUX
Partout, sur les tombeaux, brillent des photophores
Aux reflets rougeoyants illuminant la nuit.
On voit, de-ci, delà, des cornes, des amphores
Où des milliers de fleurs prennent bain de minuit.
Sur les croix, en rêvant, sous la lune opaline,
Un hibou esseulé ulule sa chanson
Et, l’araignée tissant sa frêle mousseline,
On dort tranquille ici chacun à sa façon.
Sur la pointe des pieds et tout en humant l’air,
Un chat vient se frotter à l’ombre des sapins,
Alors tous les gisants endormis sous la terre
Rêvent de voir tomber la porte du matin.
Les cieux s’ouvrent enfin et la lune se cache
Quand le soleil s’en vient au volent de sa nef,
S’éclipsant, peu à peu, au feu de son panache
Et le laissant saisir les rênes de son fief :
C’est la montagne autour, en levant mon visage
Qui offre à mes regards son galbe indélébile
Quand la brume étourdie, délivrant son message,
Parfume la rosée d’un arôme subtile.
Rien ne frémit encor… seul le merle moqueur
Saluant le coucou, répond à l’unisson
Sur un air de Chopin, musardant jusqu’à l’heure
Où le zéphyr, enfin, se joint au diapason.
Ô revenir ici, dans l’ultime demeure
Entourée de forêts, d’éperons, de sommets !
C’est là que j’aimerais, quand sonnera mon heure,
Contre un vieux mur fleuri, reposer à jamais.