CE BILLET
Ce billet parfumé me parlait d’aventures
Et mon cœur a bondi quand je l’ai ramassé…
…Mes doigts, fébrilement, déchiraient la couture
Comme on ouvre un présent -impatients, empressés-
Car la page embaumait la mûre et la lavande,
Et tous les mots écrits semblaient se refléter
Dans un miroir magique entourés des légendes
Qui attisaient l’ardeur de mon âme exaltée.
Attendrie, j’ai voulu le porter à mes lèvres,
Pour en cueillir la fleur, pour en goûter le fruit
Mais le gant du destin, incisif et acerbe,
En effaça les traits me livrant à l’ennui.
Alors, d’un geste las, jetant à contrecœur
Cette feuille échouée, étourdie par le vent,
Trahie, j’ai déversé tout le sel de mes pleurs
Inondant l’océan de mes larmes de sang.
Ce billet parfumé, j’aurais dû m’en défaire
Et passer mon chemin alors sans me tourner :
Il n’était pas pour moi et, si souvent j’y erre,
Je me consume encore au feu de ses attraits.
Si vous trouvez, un jour, un billet sur la grève
Posé là, par hasard, ne vous arrêtez pas !
Car, séduits par la grâce et la beauté du rêve,
Vous ne pourrez jamais revenir sur vos pas.