DANS LES RUES ENDORMIES
Dans les rues endormies tout semblait si tranquille
Et, tel un elfe blond courant le long des quais,
Etreignant l’euphorie des éclats de la ville,
Voluptueusement, la Lune se moquait
Des passants égarés -parisiens qui s’alarment-
Des amoureux fervent venus un peu plus tôt
Car, dans leurs yeux nourris d’innocence et de larmes,
Brillait comme un reflet d’une vieille photo
D’un bal où, revenus au temps des crinolines
Et dans l’étincelant chatoiement des soieries,
Au moment fabuleux où le Prince s’incline
Et la Belle en rêvant se lève et lui sourit.
Puis, sensuellement, ils dansent le quadrille,
Profitant de l’instant -étonnant magicien-
Pendant que les enfants s’ébrouent et jouent aux billes
Sous les regards émus, attendris des anciens…
…Comme l’amour, parfois, peut être redoutable !
Marchant main dans la main et les cheveux au vent,
Il va, de jour en jour, passant de fable en fable
Mais, pour le retenir, il faut pleurer souvent !
Il peut nous apporter le meilleur et le pire
Car, si parfois menteur, on irait n’importe où
Et tant qu’on est vivant et tant que l’on respire,
Jusqu’au dernier soupir, on le cherche partout :
De saisons en saisons, ainsi que d’âge en âge,
Sous un soleil grivois ou quand le ciel est gris,
On pourrait s’envoler de nuage en nuage,
Contemplant, de là-haut, les cimes rabougries.
Au clin d’œil enjoué du fard d’une paupière,
Et le cœur affolé et la jambe en coton,
Je bondis tel un air et cours de pierre en pierre
Pour retenir le « la » qui m’a donné le ton.
Alors, je sens le feu de la fièvre qui monte
Comme la sève bout jusqu’à la floraison,
Comme la neige brille en attendant sa fonte
Et le bouton de rose avant la cueillaison.