LA OU L'HERBE EST PLUS VERTE
Tu as tant fait de pas, allant à ma rencontre !
Moi aussi, j’ai couru sur le même chemin
En voulant retenir, au gousset de ma montre,
Le vol de l’avenir emportant mes « demain ».
On s’est tout dit, je crois, de ce temps qui fut nôtre :
Les tourments, les regrets, les larmes, les douleurs,
Avec, pour seul témoin, le soleil en apôtre,
Alors que s’égrenait le futur… imposteur.
On s’est promis d’aller là où l’herbe est plus verte,
Où rien ne nous réduit à conjurer le temps,
Et l’on prendra la vie qui nous sera offerte
Comme la fleur reçoit en cadeau le printemps.
Quand la saison viendra, tout en flocons de neige,
Pour en couvrir, alors, les cheveux à nos fronts,
En poudrant nos deux voix de chevrotants arpèges
Et nous laissant, enfin, en tout dernier affront,
L’hiver qui blessera de rides nos visages,
Au miroir de tes yeux, nos souvenirs d’étés
Me parleront encore et, si nous sommes sages,
Lèveront sur ces joies un pan d’éternité…
(c) extrait de LES FUGUES DU TEMPS