IL A PRIS
Il a pris dans mon cœur le temps entre ses doigts ;
L’amour à la pendule s’est figé soudain
A l’écho d’un regard et d’un « je ne sais quoi »,
Où l’infini s’est pris dans l’instant assassin.
Au tout premier baiser -ô seconde intrépide-
J’ai ressenti, alors, vertigineusement,
La soif, la faim, ce dont ma bouche était avide
Et mon feu à son feu s’unit tel un aimant.
Dans le lit sensuel de sa petite chambre,
J’ai trouvé, éblouie, un monde merveilleux
Où, pétrissant mon corps jusqu’à ce qu’il en tremble,
Je me suis enflammée aux braises de ses yeux.
Et troublés par l’émoi de nos sens confondus,
Les doux mots chuchotés, soufflés à mon oreille,
Ressemblaient, tour à tour, à l’aubade ingénue
D’un troubadour épris à la voix sans pareil.
Peu m’importe après tout, il n’est jamais trop tard
D’aimer -ô oui d’aimer- la vie est éphémère !
On attend tous, un jour, dans le hall d’une gare,
Le tout dernier wagon qui s’en va et se perd.