Sur la luge mes soixante et onze printemps...

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SUR LA LUGE MES SOIXANTE ET ONZE PRINTEMPS


Je promène sur
la luge mes soixante et
onze printemps, joie
de l'enfant sur son traîneau
durant les hivers de guerre


Connais-toi toi-même
me disait encor Socrate
hier en soirée
en avalant du picrate
de Grèce entre deux lippées


Quelques arbres
parafent l'horizon
à la façon de l'art chinois


La cheminée fume
fort comme s'il n'y avait
pas assez de brume
pour nous offrir un bon rhume!
que vais-je boire? du rhum


J'écluse une bière
anglaise plus aisément
que l'eau plate, brune
la bière anglaise, banane
non cette eau beaucoup trop claire


Le toit de mon voisin
fume le calumet de la paix
Noël!


Avec cet air mi-
figue mi-raisin j'ai presque
de quoi déjeuner
et comme je n'ai pas faim
l'estomac va regimber


Dans l'air des flocons
lents sans grande inspiration
vont et viennent, vont
en changeant de direction
quand le vent plisse le front


Rideaux entrouverts
je vois des pas sur la neige
Claude Debussy


Les pies en tenue
de religieuses implorent
leur dieu bicolore
alors que celui du noir
choucas est couleur charbon


Ce chat noir en chasse
dans le pré où je me cache
mon Dieu qu'il se casse
s'exclame la souris lasse
de n'être pas une vache


L'horloge tintait
déjà pour mes chers aïeuls
qui donc l'entendra
sonner dans peu de temps l'heure
quand nous dormirons ailleurs?


José Chanly