LE MIEL DE MES VINGT-ANSA l’heure où le soleil vient dissiper la brume,
La nature est en paix emprunte d’harmonie
Et le matin revêt sa nappe d’organdi
Pour petit déjeuner le croissant de la lune.
Puis il va, s’abreuvant à la rosée nouvelle
Avant de se farder aux embruns de la mer,
Alors que retentit le cri des hirondelles
Et que le vent défie les vagues outremer.
Sur la dune où, sans fin, on aimerait s’assoir,
Au bord de ce beau lac moiré comme la soie,
L’horizon se remplit des reflets du miroir
Au chant de la mésange et du merle narquois.
Et sur les carreaux bleus des vitres de mon âme,
Où se mirent les cieux lorsque descend le soir,
Subsiste encore un peu de la petite flamme
Qui danse dans mes yeux et qu’on nomme l’espoir.
Le printemps qui revient -serait-ce une imposture ?-
Vient emmêler ses doigts dans l’or de mes cheveux,
On dirait qu’un artiste, étalant sa peinture,
Enroule ses pinceaux à l’ardoise des cieux.
Le vent secoue les blés et je me sens renaître,
La rose en mon jardin fleurit jour après jour,
Je voudrais m’envoler et trouverais, peut-être,
La clé du paradis au creuset de l’amour.
L’abeille ou le grillon vibrant à mon oreille
Murmure, à l’unisson, un message confus
Que l’écho me renvoie à nul autre pareil,
Avant de l’emporter dans sa fuite éperdue.
Est-il né celui-là qui ouvrira ma porte,
Celui qui me dira -ô doux bonheur suprême-
En me prenant la main et me faisant escorte,
Ces trois mots balbutiés, tout simplement : « je t’aime » ?
Saura-t-il me troubler de sa voix la plus douce ?
Saura-t-il m’effeuiller tout en me courtisant ?
Saura-t-il récolter, allongés sur la mousse,
Sur mes lèvres sucrées, le miel de mes vingt-ans ?