Matin gris d'avril

Le jour m’inflige
Cette matinée mal peignée
Dévêtue de bleu
Matin gris
Sans vent
Sans...

Même une comparaison ne trouverait pas son mot
Dans ce foutoir d’absence de tout

Parfois on n’écrit rien parce qu’il n’y a rien…
C’est ça, je le sais maintenant,
Moi le voyeur
De la vie cachée des saisons

Pourtant, pourtant
Je cherche un chant d’oiseau,
Un cri rauque même
Quelque chose qui sache percer le silence
Faire un trou béant dans l’absence

Bien sûr il y a ce blanc, la neige
Mais c’est quoi ce chaos sans couleur?
Que peut-on en tirer après des mois, encore?
Quand elle tombait au moins
Sur les plaines de janvier…
Quand elle dansait enlacée, follement enlacée
Dans les bras février d’un froid honnête et beau…
Mais voyez plutôt
Ce qu’est devenue son éternelle pudeur
Mieux vaut la taire
Sauver son honneur

Pourtant, pourtant
Un simple bruit…
De pas
Ou de toi
Ferait bon départ
Dans cet avril en première
Une partance pour la vie à battre
Une idée de quoi faire

Des ailes de vers moi je ferais
À inventer toute chose comme...
Un envol
Ou des pains de mots pour nous deux

Mais rien
Rien que la démesure du silence
Comme croix à porter
Lourdement
Sur les cordes du cœur

Ces maux qui pèsent l’heure...

Et pourtant, et pourtant
J’aime cette odeur de foins mûrs
Que porte aujourd’hui l’hiver