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 Les Filles du Roy

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Guy Rancourt
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Guy Rancourt


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MessageSujet: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy EmptySam 28 Avr - 16:11

Les Filles du Roy


Ah! les Filles du Roy, elles chantent :
« J’ai cueilli la belle rose, (bis)
Qui pendait au rosier blanc,
La belle rose,
Qui pendait au rosier blanc,
La belle rose du rosier blanc. »


Ah! les Filles du Roy.
Comme elles sont belles!
Elles sont arrivées dans leur splendide jeunesse,
ici en Nouvelle-France au dix-septième siècle.
Se souviennent-elles de leur vie d’orphelines
en lointaine Métropole où règne le Grand Roy Louis?
De leur vie miséreuse à La Salpêtrière?
De souffre-douleur près de Honfleur?
De leurs malheurs près de Rochefort ou Saint-Malo?
Mais comment oublier la Bretagne ou la Normandie
qui les ont vu naître et fleurir?
En Nouvelle-France, terre vierge et neuve,
comment effacer de leurs mémoires le sol sacré
et nourricier qui a bercé leur tendre enfance?
Entre mari et marmaille,
c’est vers toi que leurs lèvres s’élancent :
« J'irai revoir ma Normandie !
C'est le pays qui m'a donné le jour. »


Ah! les Filles du Roy, elles chantent :
« Sont les filles de La Rochelle,
Ont armé un bâtiment, (bis)
Pour aller faire la course
Dedans les mers du Levant.
Ah! la feuille s’envole, s’envole,
Ah! la feuille s’envole au vent. »


Ah! les Filles du Roy.
Comme elles sont belles!
Elles ont traversé le grand océan si grand,
Heureuses et anxieuses d’être en Nouvelle-France.
À peine pieds touchés la terre ferme,
Sitôt oublié tout le branle-bas de la pénible odyssée,
Elles n’ont que quelques jours
pour trouver la perle rare,
pour déjouer le mauvais sort,
pour prendre fiancé et époux
parmi soldats, marchands et rares habitants,
si peu de nobles et gentilshommes dans le lot…
Si peu de temps pour choisir le gros lot…


Ah! les Filles du Roy, elles chantent :
« Marguerite est assise
Sur le bord de la mer,
À son plaisir regarde
Les mariniers passer,
À son plaisir regarde,
Courage,
Les mariniers passer,
Courage, je m’en vais! »


Ah! les Filles du Roy.
Comme elles sont belles!
Dans leurs beaux apparats et froufrous,
les pupilles du grand Roy Louis,
dot en poche et sourires pleins la sacoche,
on les voit fringantes et hésitantes :
Fleurance optera-t-elle pour Jean ou Philippe?
Marie-France choisira-t-elle Jacques ou Simon?
Espérance épousera-t-elle Xavier ou Pierre?
Jeanne-Mance aimera-t-elle Charles ou Roland?
Catherine s’amourachera-t-elle de Philémon ou de Gaston?
Céline boudera-t-elle tous ces prétendants?
Comment faire le bon choix? La bonne prise?
Comment éviter les mauvaises surprises?


Ah! les Filles du Roy, elles chantent :
« Ce sont les filles de Lorient,
Maman!
Ce sont les filles de Lorient,
Grand Dieu qu'elles sont jolies,
Lan lire la!
Grand Dieu qu'elles sont jolies,
Lon la! »


Ah! les Filles du Roy.
Comme elles sont belles!
Elles sont arrivées ici en Nouvelle-France,
près d’un millier au temps du grand Roy Louis,
que l’on disait aussi grand que le soleil!
Pour chercher quoi? Pour rechercher qui?
Chercher une nouvelle vie et rechercher un mari!
Pour fuir quoi? Pour s’enfuir de qui?
Fuir la dèche et s’enfuir de la tyrannie!
Que de hardiesse et de cran,
pour traverser l’Atlantique océan!
Que de bravoure et de courage,
pour affronter pareil voyage!
Avaient-elles le choix? Ont-elles fait le bon choix?
Tromper le destin et forcer la fortune
en s’envolant au-delà des mers et des océans
pour prendre mari en lointaine colonie.
Quelque chose me dit en écoutant leurs chants,
Qu’elles ont gagné leur pari!


Ah! les Filles du Roy, elles chantent :
« M’en revenant de la jolie Rochelle, (bis)
J’ai rencontré trois jolies demoiselles.
C’est l’aviron qui nous mène, qui nous mène,
C’est l’aviron qui nous mène en haut! »
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Guy Rancourt
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Guy Rancourt


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MessageSujet: Re: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy EmptySam 28 Avr - 16:14

Quelques notes explicatives sur les Filles du Roy.

La Nouvelle-France, avant l'arrivée de Jean Talon, est sous-peuplée et le commerce de la fourrure, assise économique principale du pays, est désorganisé après la destruction de la Huronie par les Iroquois entre 1648 et 1650. Les années qui suivent sont pénibles. Privée de ses intermédiaires et alliés commerciaux, les Hurons, la Compagnie des Cent-Associés néglige ses obligations de peuplement tout en accumulant les déficits. Les coloniaux, quant à eux, réclament de plus en plus fort des secours militaires pour mater les Iroquois et ouvrir de nouveau la route de la fourrure. L'envoi du régiment de Carignan-Salières et la nomination d'un intendant en Nouvelle-France s'inscrivent dans la réorganisation complète qu'entreprennent alors le jeune roi Louis XIV et son ministre des finances, Jean-Baptiste Colbert.

Accueillir des filles à marier

La Nouvelle-France a aussi besoin de filles à marier car, en 1663, on compte une femme pour six hommes en âge de s'établir. Entre 1663 et 1673, plus de 770 jeunes filles, la plupart orphelines et âgées de moins de 25 ans sont ainsi recrutées. Elles effectuent la traversée vers la colonie aux frais du roi qui leur fournit aussi une dot pour favoriser leur mariage. Plusieurs de ces Filles du roi épouseront des soldats du régiment de Carignan-Salières, incités eux aussi à se fixer au pays après la pacification des Iroquois.
Envoyées par Louis XIV à la demande de Jean Talon, ces filles venaient pour la plupart de l'Hôpital général de Paris, un hospice où étaient gardés les pauvres et les enfants abandonnés. Elles débarquaient avec une dot du roi de 50 à 100 livres et, six mois plus tard, étaient généralement mariées.

Une belle dot

L'expression "Filles du Roy" sous-entend que ces immigrantes sont les pupilles de Louis XIV et qu'à titre de protecteur, celui-ci supplée aux devoirs de leur père naturel en veillant sur elles et en les dotant.
Les dots conventionnelles des filles du pays sont généralement constituées de meubles, d'articles de ménage, d'argent, de terres ou d'autres biens reçus en héritage. S'ajoute parfois à ces éléments qui sont identifiés au contrat de mariage, la perspective d'un héritage à venir. Généralement, quel que soit leur sexe, tous les enfants d'un couple ont droit à une part égale de l'héritage familial. Même la plus pauvre des filles peut compter sur des biens qui, s'ils ne lui appartiennent pas au moment de l'engagement, viendront, un jour, enrichir le patrimoine de la famille qu'elle s'apprête à fonder.

Des femmes bien portantes

Les filles cherchaient des hommes qui avaient une maison ou une terre. Les colons, de leur côté, essayaient de choisir les femmes les plus âgées et les mieux portantes pour le travail de la ferme. On les présentait les uns aux autres lors de soirées organisées. Il y avait ensuite l'étape du notaire, puis celle de l'église. Chose certaine, si elles avaient été des prostituées, les filles du roi n'auraient jamais pu avoir autant d'enfants.

Filles du roi ou filles à marier

L'expression "Les Filles du Roy" s'applique exclusivement aux femmes et aux filles ayant émigré en Nouvelle-France entre 1663 et 1673. Ces jeunes femmes en âge de se marier et de procréer sont appelées ainsi parce que les dépenses liées à leur transport et à leur établissement, de même que la dot de certaines d'entre elles, ont été assumées par le trésor royal.
La recrue féminine de 1668 compte 78 Filles du Roy. La plus grande partie du groupe est d'origine française, mais on y trouve quelques filles issues d'autres peuples. Selon Marie de l'Incarnation, on y trouvait une Maure, une Portugaise, une Allemande, une Hollandaise...
Si elles n'éprouvent généralement pas de difficulté à se trouver un mari, quelques-unes en rencontrent dans l'adaptation à la vie quotidienne en Nouvelle-France. La raison en est simple puisque, selon Marie de l'Incarnation, il s'agit de citadines, peu ou pas préparées au travail de la terre.

Dès 1668, des mesures sont prises pour réduire le risque d'en voir débarquer d'autres. C'est pourquoi Anne Gasnier, une femme de Québec, est désignée pour se rendre en France afin d'y participer au choix des recrues qui présentent le meilleur potentiel d'adaptation au contexte particulier de la Nouvelle-France. Elle s'adressera aux institutions de charité, là où sont reçues et hébergées orphelines et filles pauvres.
Le fait que près de la moitié des Filles du Roy aient donné Paris comme lieu d'origine ou de départ, n'exclut pas l'hypothèse qu'elles aient pu naître ailleurs. Les recherches menées par les historiens permettent de conclure que la plupart des provinces françaises ont vu partir pour le Canada une ou plusieurs jeunes filles. Après l'Île-de-France, les provinces ayant le plus contribué à ce mouvement sont : la Normandie, avec 120 filles, l'Aunis, le Poitou, la Champagne, la Picardie, l'Orléanais et la Beauce.
La plupart des Filles du Roy sont des célibataires d'origine modeste. Bon nombre sont issues de familles terriennes, plusieurs sont orphelines. Parmi elles se sont glissées quelques veuves dont certaines ont déjà donné naissance à un enfant.

Des filles bien élevées

Il est difficile, sinon impossible, de savoir en quoi leur éducation a consisté. Semblables en cela aux femmes et aux hommes de leur temps, la plupart d'entre elles ne savent ni lire ni écrire. Les beaux partis, ces filles qu'on destine aux officiers du régiment de Carignan-Salières ou aux célibataires d'origine bourgeoise ou noble sont des "demoiselles". Leur nombre, puisqu'on souhaite surtout l'apport de femmes robustes et aptes au travail, est mesuré. Au total, moins d'une cinquantaine de Filles du Roy auraient appartenu à cette élite. Entre leur arrivée à Québec et leur mariage, les Filles du Roy sont placées sous la protection de religieuses, de veuves ou de familles. Elles sont logées et nourries.

Voilà l'essentiel sur les Filles du Roy que j'ai tenté de faire revivre à l'aube du 400e anniversaire de la fondation de la première colonisation francophone en Amérique du Nord : Québec par Samuel de Champlain en 1608!
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Canou
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MessageSujet: Re: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy EmptySam 28 Avr - 18:41

Merci pour ce mini cours. Habituellement il n'y a que Marcel Tessier pour arriver à conserver mon intérêt au-delà du 2è paragraphe. J'adore apprendre ces faits historiques, ces pages de notre passé mais je n'aime pas les discours plats et sans vie.
Je ne vous connais pas mais mon esprit a imaginé une voix pour lire ce poème et les notes historiques. Qu'elle s'apparente à la vôtre ou non n'a aucune importance. Ce qui compte c'est que vos textes ont eu le pouvoir de garder mon attention jusqu'à la dernière ligne.
danseurs Bonne semaine et Bon Été pour fêter le 400è !
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Guy Rancourt
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Guy Rancourt


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MessageSujet: Re: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy EmptySam 28 Avr - 22:08

Merci Canou!
Quelques précisions sur ce long poème...
En fait, il s'agit de mon 300e poème en carrière et je voulais qu'il soit assez "spécial" et différent des autres.
J'ai opté pour un long poème historique et folklorique!
Je voulais que ce soit les chansons et la musique traditionnelle qui occupent la toile de fond et supportent le poème...
Certes, c'est le 400e anniversaire de la présence française en Amérique du Nord qui fut l'élément déclencheur...
Poème dont l'accouchement fut plutôt difficile et assez long...j'y ai mis près de 2 mois!
Voilà tu sais presque tout sur la genèse de ce poème.
Ciao et bon week-end! asticot
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Guy Rancourt
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Guy Rancourt


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MessageSujet: Re: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy EmptyDim 29 Avr - 14:56

Oh oh! J'ai oublié d'annexer à la fin du long commentaire la source du document...
Je corrige mon erreur.
Voici le lien, vous y trouverez d'autres informations pertinentes sur le sujet :


http://www.mef.qc.ca/filles_du_roi.htm
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José Chanly
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Date d'inscription : 20/12/2004

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MessageSujet: Re: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy EmptyLun 30 Avr - 7:37

Bonjour Guy,

Émouvante, cette évocation des "Filles du Roy", moment important de l'histoire du Québec. Il leur fallait bien du courage à ces filles pour traverser cet océan et se rendre en terre inconnue...

Ah! les Filles du Roy, elles chantent :
« Marguerite est assise
Sur le bord de la mer,
À son plaisir regarde
Les mariniers passer,
À son plaisir regarde,
Courage,
Les mariniers passer,
Courage, je m’en vais! »


José
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MessageSujet: Re: Les Filles du Roy   Les Filles du Roy Empty

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