L'espoir du marin

En hommage à tous ceux qui font preuve de solidarité, et en particulier aux marins pêcheurs d’ici, qui, malgré une vie difficile font preuve d’un esprit remarquable.


L’espoir du marin.



Le temps de haute marée, je le lis dans le ciel
Qui me protége comme un cocon de laine
Je vis de mon labeur, de mon destin salé et de ma pêche
Un Chalutier, ça se mène parfois
De manière âpre et rude, la vie des gens d’ici.
La fin de cette année pleure des larmes de sel.
Des milliers de milles et j’en tremble
Je suis un témoin cathodique
Celui qui voit les soirs à terre
Te prendre la mort en pleine gueule
Et te débattre dans ses filets
Comme sur l’épave de Gravesend
Où mourait le marsouin égaré
Celui que je voyais pleurer
Aux mains des courants implacables


Souviens-toi de ce rafiot de Sumatra
Que nous regardions se briser
Et qui crache dans la boue
Des cargaisons de condamnés
Je suis certain que l’instant est venu
Avec nos mains calleuses et tendues
Quand il est temps de se souvenir
La vague toute grise qui nous attend
Je veux espérer d’autres matins…
Là-bas…


Et des combats gagnés sur le désespoir,
Ce cancer des rêves de paix
Au bord des rivages qui s’effondrent
Toi le destin aveugle des hommes perdus
Toi l’image de notre fin possible
Mes regrets dès maintenant n’existent plus
Par delà l’océan, les latitudes, les longitudes,
Nos existences sont liées.

Et la misère du temps vaincu
Avec ses griffes de harpie
Et les maisons relevées
Dans la lumière nouvelle du matin.
Repars au large des lagons…
Repars… Marée de mort et de folie…
Dans le bassin hurlent les sirènes
Pour la mémoire des camarades
Il est déjà l’heure d’embarquer


Ces rumeurs qui montent de là
Dans les rues étroites du port
Ces gens simples et bons qui s’avancent
Ces mains jeunes ou flétries qui donnent
Cette solidarité des gens de mer
Comme un soleil sur l’océan

Comme le soir rouge qui descend
Pour dessiller nos regards ternes.
Et sur mon hâle de cuir tanné
S’en vient couler comme une source
Ce ruisseau qui va paisible…
Sur la mer, aux flots gris et mousseux
L’étrave du navire trace son signe
Loin, très loin, là-bas, en Asie du sud-est…
Toi, mon ami, mon frère, le pêcheur de Colombo
Tu as ma promesse, le désir de tout un peuple…
Tu retourneras en mer…
Parce que là est ton destin.
Poséidon a prélevé sa lourde dîme, mais il faut que tu vives…
Donne-moi la main, et embarque…

Poème aux accents généreux :

Tu as ma promesse, le désir de tout un peuple…
Tu retourneras en mer…
Parce que là est ton destin.
Poséidon a prélevé sa lourde dîme, mais il faut que tu vives…
Donne-moi la main, et embarque…

Pascal, que Dieu (s'Il existe) t'entende!

José

Pascal , je suis très ému par ta poésie , par ta compassion , ta foi et ton amour en l'homme et en la vie.

je viens d'avoir des nouvelles d'une personne avec laquelle j'ai travaillé autrefois : en vacances en Thailande au moment du drame il a retrouvé ses enfants mais pas son épouse.

je me sens incapable d'écrire quoi que ce soit sur ce qui s'est passé et apprécie , bien que le sujet soit si triste, qu'il y ait des poètes capables de coucher sur le papier leurs émotions en ces moments là tout en délivrant un message d'espérance.

merci pour ce très beau texte

didier

Très beau texte PASCAL
j'ai moi aussi essayé d'écrire, de mettre des mots...... Je n'ai pas réussi à terminer mon texte.........Tant les visions d'horreur sont présentes......Je n'étais pas là-bas, j'ai juste tenté de retranscrire..............sans succès

JE REVIENS DE L ENFER

Je reviens de l’enfer
Là bas j’ai tout perdu
Y’a pleins de disparus
Ce bout de paradis
N’est que ruines et débris
Partout des morts
Triste décor
Plus rien debout
De l’eau partout

Je reviens de l’enfer
Elle a grondé la terre
Je suis un rescapé
Ne pourrai oublier
Tout ce que j’ai traversé
Gravés dans ma mémoire
Ces regards de désespoir
J’entends hurler, pleurer

Je reviens de l’enfer
Elle a grondé la terre
Je poserai un autre regard sur l’océan à l’avenir
J’aurai du mal à y revenir
Exorciser les peurs
Effacer visions d’horreur.................

à bientôt,
gi

je vous rejoint déjà pour dire combien ton poème m'émeut Pascal et pour dire aussi combien je comprend votre incapicité à écrire sur ce drame
,j'ai écrit" l'enfant" d'un seul jet ;comme dans un état second ,sur un autre site quand on m'a fait remarquer qu'un des alexandrins était de 13 pieds j'ai réalisé que je ne les 'avais m^m pas compté
je serais à présent incapable de l'écrire
merci pour eux Pascal