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 Chroniques du Houtland (07 avril 2005)

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AuteurMessage
Pascal9
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Pascal9


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MessageSujet: Chroniques du Houtland (07 avril 2005)   Chroniques du Houtland (07 avril 2005) EmptyJeu 7 Avr - 15:36

Chroniques du Houtland.



07/04/2005.


Mon cher Jacques,

J’ai plaisir à t’écrire ces quelques mots dans ce petit bistrot de quartier qui n’a pas encore disparu sous les coups de la folie immobilière et affairiste.
Sur le comptoir d’étain, le petit bruit de l’œuf dur cassé est toujours aussi terrible, simplement les masses laborieuses se sont habituées à l’entendre, à cela, comme au reste…
Près de la Civette de la Place aux Platanes où je tente vainement d’aller chercher ma ration de Gauloises bleues subsiste une librairie… Incongrue…
Malheureusement, les jolies couvertures cartonnées sont gâchées par de sinistres bandeaux noirs et blancs… « Penser tue… », « Rêver peut provoquer des maladies graves… », « Aimer provoque des maladies de cœur… ». Tu le constates, mon cher Jacques, tu as bien fait de te tirer…
A l’école communale, sous perfusion, le cancre ne dit plus oui avec la tête ou non avec le cœur… Il ne dit plus rien, il est gavé, épuisé par de trop longues heures passées devant un écran cathodique, maniant console de jeux virtuels… Virtuel comme le devient sa vie …
Hier, un peintre s’est suicidé, par désespoir… Il voulait faire le portrait d’un oiseau, mais il ne se souvenait plus… un site web ne répondait pas, et il n’a même pas imaginé qu’il pouvait faire si beau dans le jardin public…
Dans la cité de ce qui fut la ville des hommes règne l’ordre nouveau, mercantile et puant la mort… Tu l’écrivais déjà, souviens-toi…
« Adieu, adieu, Lily Marlène
Et son pas et son chant s’éloignent dans la nuit
Et le portrait du vieillard blême
Au milieu des décombres
Reste seul et sourit
Tranquille dans la pénombre
Sénile et sûr de lui… »


Si tu vois Barbara, dis-lui, dis-lui surtout qu’il pleut toujours sur Brest et sur moi… Dis lui que grâce à toi, que grâce à elle, je dis tu à tous ceux que j’aime, même si je ne les ai vus qu’une seule fois, je dis tu à tous ceux qui s’aiment, même si je ne les connais pas…
Les feuilles mortes ne se ramassent plus à la pelle et les hommes sont en route à tout oublier… Comme le chantait l’autre Jacques : « Ici, on ne pense pas, monsieur… On compte ! » Oui, mon vieux poète, tu as bien fait de partir…
Dans la rue des cités, le désespoir est assis sur un banc, mais personne ne s’arrête, trop dangereux… A éviter… Il convient d’être jeune et moderne, le bonheur a été décrété obligatoire et certains fantoches balbutiant une sorte d’anglais de pacotille jugeant notre langue trop pauvre ont nommé cette hérésie « positive attitude », tu dois bien te marrer en rallumant ton mégot…
Je m’en retourne rue de Seine, dix heures et demie…
Flânant le long des quais où je retrouve un peu la paix, je pense à ta chanson :
« Quel jour sommes-nous ?
Nous sommes tous les jours
Mon amie
Nous sommes toute la vie
Mon amour
Nous nous aimons et nous vivons
Nous vivons et nous nous aimons
Et nous ne savons pas ce que c’est que la vie
Et nous ne savons pas ce que c’est que le jour
Et nous ne savons pas ce que c’est que l’amour. »

Toi, mon vieux Jacques, tu le savais… Du fond des âges et de la cité des hommes, je t’embrasse, comme un frère, comme un survivant d’un monde d’utopie, un monde de poésie…


« C’est une casquette comme celle de Prévert que je voudrais.
-Tu sais, une casquette, c’est une casquette… »
Brèves de comptoir…
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