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 Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 6

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Pascal9
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Pascal9


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Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 6 Empty
MessageSujet: Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 6   Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 6 EmptySam 5 Mar - 11:41

Chapitre 6.



Et c’est comme cela que nous avons embarqué une fille à bord. Dès le samedi suivant, la « corsaire aux Tresses d’Argent » serait certainement là, avec sa cape de velours bleu.
Le lundi était le jour de la reprise des cours. Nous avions un nouveau professeur de français que nous ne connaissions pas encore. Elle était arrivée un peu avant les vacances de Pâques, mais aucun de nous n’avait encore assisté à ses cours. Nous étions tous élèves de sixième, mais nous n’étions pas dans les mêmes sections, Yves Gouec et moi étions en sixième A et Yann et Michael en sixième C. On se retrouvait, le matin, dans la cour de récréation.
Après notre installation dans la classe, nous eûmes droit à un petit mot du directeur :
- « Les enfants, je vous présente mademoiselle Sarista qui sera votre professeur de français en remplacement de madame Herbault qui va avoir un bébé. J’espère que vous continuerez à vous tenir correctement et à travailler de façon studieuse, ne me faites pas mentir quand je considère la sixième A comme un exemple de sérieux. Bon… Je vous laisse travailler… »
- « Elle a l’air sympa la Prof. » Me souffla Yves.
Parce qu’il faut avouer que mademoiselle Sarista avec ses jeans, son gros pull et ses cheveux blonds et courts était très jolie et bien souriante.
Je crois qu’elle s’aperçut bien vite de notre intérêt et, prenant une craie blanche, elle inscrivit au tableau : l’Ile au trésor de R.L.Stevenson.
- « Voilà, dit-elle, le livre que nous allons étudier ce trimestre ! »
Quelle joie ! On mit un temps à réaliser la chance que nous avions, du coup, le professeur de français nous semblait encore plus sympathique.
Quant à Yves, il riait tout seul de contentement, les autres restaient stoïques, ne goûtant pas encore les frissons de l’aventure maritime…
Par la fenêtre, ouverte sur le port, pénétra un air salé et capiteux. Le vent du large fit voleter nos cahiers. Nous étions loin, nous prenions garde à la marque de Chien Noir, nous étions à la recherche de l’île au trésor…
Le cours terminé, je fus le premier sur les quais. Je voulais revoir la fillette et m’excuser pour la dernière fois.
Gouec le Rouge n’avait pas été très gentil. C’est moi qui l’avais invité et, ensuite nous l’avions déclaré « prisonnière »…
Je l’imaginais dans sa boulangerie, guettant l’heure où elle pourrait peut-être venir nous rejoindre.
Je me souviens m’être précipité pour lui dire tout cela. Mais la « Corsaire aux tresse d’argent » n’était pas au magasin.
Il n’y avait pas grand monde, à part deux clientes qui attendaient pour se faire servir et le boulanger occupé au fond de la boutique qui, à ma vue, se mit à faire de gros yeux sévères.
Son fournil se trouvait entre la rue et la campagne.
Elle était bien pimpante cette boulangerie : Une vitrine faite coquettement, un large porche, une écurie au fond de la cour, un foyer de briques rouges, couvert d’ardoises brillantes et tout odorant de subtils parfums. Pas de chien. Cela devait être amusant de vivre en un pareil endroit. Il fallait que je rentre à la maison. Du bout de la Grand- rue, je distinguai le bassin Est. Et si la «Corsaire aux tresse d’argent » m’attendait sur le pont du bateau ?
Non, elle n’y était pas…
J’étais sur le port pour la voir, mais je ne la trouvai nulle part.
Une fois sur la Sainte Alice, j’entendis quelque chose bouger dans l’entre pont. Je me penchai : une paire de jambes maigres se balançait à la fenêtre de la cabine. Presque à ce moment, la «Corsaire » sauta à bas du poste d’équipage ! Elle était là ! Elle me guettait !
- « Bonjour, tu es revenue ? »
Elle me fit signe de la rejoindre comme si elle se moquait éperdument de ma question et me montra ce qu’elle avait apportée.
- « Tiens, je te le donne. »
C’était un épais bouquin de maroquin rouge, une très vieille édition de l’île au trésor. Je crois avoir bredouillé un pauvre merci tellement j’étais déconcerté par son présent…
- « Je suis allé te voir à la boulangerie, je t’ai cherché sur tout le port… Tu es gentille… »
Elle paraissait gênée d’entendre un compliment.
- « C’est vrai, tu es allé là-bas ? »
- « Euh… Oui… A l’école, ce matin, j’ai repensé à l’accueil de Gouec Le Rouge, et j’avais peur que tu ne veuilles plus remonter à bord. A propos ce matin, nous avons commencé à étudier justement l’île au trésor… »
- « Je sais… Dis la fillette, mademoiselle Sarista est ma tante et je l’ai entendue en discuter à la maison. J’ai pensé que cela te ferait plaisir… »
- « Tu sais, si jamais quelqu’un t’ennuie, tu n’as qu’à lui dire que Paul Le Goz est ton ami. Ecoute, si tu veux, avant que Gouec et les autres ne viennent, je peux te faire visiter la Sainte Alice. Viens allons vers la proue ! »
- « La proue ? Interrogea la gamine. »
- « C’est l’avant du navire, l’arrière se nomme la poupe. Le filet s’appelle le chalut, c’est pourquoi ce bateau s’appelle un chalutier. Elle te plait notre Sainte Alice ? »
- « Oui, c’est un magnifique navire ! »
Mais, déjà, les flibustiers de sixième couraient sur le quai. Ils étaient venus directement au bateau, emportant dans leurs cartables leurs goûters et leurs rêves. Ils devaient attaquer un Anglais de trois rangs avant la nuit. Les garçons ne parlaient plus de leur « prisonnière ». La présence d’une fille à bord n’était pas pour leur déplaire. Seul Yann, au moment de grimper à bord, m’avait adressé un reproche :
- « Mon grand-père disait toujours qu’une femme à bord porte malheur ! Vous verrez, monsieur Paul, vous vous en repentirez ! »
Il me fâchait, mais je n’y prêtai plus attention. Gouec Le Rouge donnait déjà l’ordre de larguer les amarres et le sifflet de Yann scandait la manœuvre.
La fillette avait l’air joyeuse. Je l’entendais qui marmonnait tout bas :
« A l’abordage, droit devant…Bâbord, tribord… »
La Corsaire aux tresses d’argent regardait de tous ses yeux puis, elle me dit d’un air triste :
- « Monsieur Paul ?
- « Oui ? »
- « Je pense que Yann ne m’aime guère… »
- « Non, je pense tout simplement qu’il en veut au capitaine parce que le poste de premier maître a été donné à une fille… »
- « Parfaitement ! » Rugit Yann, et il continua de plus belle :
- « On ne te connais pas, et Toc ! Tu apparais et on te donne le galon de premier maître, je ne suis pas d’accord. Il faut faire ses preuves, et une fille n’a rien à faire sur un navire ! »
- « Laisse là donc tranquille… »
Rageur, je serrai les poings, prêt à lui sauter dessus, mais déjà le capitaine coupait :
- « Brick Anglais sur tribord avant ! »
- « Branle-bas de combat ! »
Donnant du sifflet, Yann dit à la corsaire aux tresses d’argent :
- « Un navire ennemi ! Tu vas pouvoir faire étalage de ton expérience
de marin, fillette ! »
Enervés, les flibustiers semblaient courir en tous sens. L’équipage chargeait d’imaginaires canons et batteries d’artillerie. Les marins sortaient leurs grappins et leurs sabres d’abordage.
- « Hardi les gars ! Suivons notre capitaine, à bas l’anglais, vive la flibuste, vive Gouec le Rouge ! »
- « Monsieur Paul ! J’ai peur ! Est-ce que nous courrons un danger ? »
- « Ne crains rien ! »
Je criais pour couvrir le bruit de la bataille. Le choc était imminent. Pour se donner du courage, les pirates hurlaient et tapaient sur des bidons vides.
- « N’ai pas peur ! Nous les vaincrons ! Ils ont pris déjà une sévère bordée ! Nous allons les voir s’échapper ! »
- « S’échapper ? Hurla le capitaine. Pas de quartier ! L’anglais est à nous ou au fond de l’eau… »
Le bosco était aux prises avec de nombreux assaillants. Il continuait de railler la Corsaire aux tresses d’argent.
- « Si tu es prise, tu iras décorer la grande vergue. Jolie pavillon que tu feras là ? »
Je donnais mon sabre à mon amie.
- « Tiens ! Défends toi, tu comprends ? »
-« Hé ! Tonne, tonne sacré canon !
Il y a autant de doublons à gratter !
Que de galions à saborder
Pour les frère de la Côte de l’homme mort ! »
Hurla le coq…
- « Allez la flibuste, tous avec moi, cria le Bosco ;
La fillette était absolument émerveillée.
- « Monsieur Paul ? Si nous étions pris ? »
- « Aucune crainte ! Nous ne nous laisserons pas prendre vivants. »
Et comme si elle était prête à succomber, j’arrivai à la rescousse. Un moment plus tard, nous entonnions tous notre célèbre chanson…
Cette longue bataille pleine de péripéties contre l’anglais devait être notre ultime combat.
Nous n’avons cessé qu’à la nuit noire, nous étions épuisés… Il ne fallait pas trop tarder : nos familles s’inquiétaient certainement déjà, et les batailles familiales, nous les perdions généralement toutes…
L’abordage terminé, nous nous étions enfermés dans le poste d’équipage. Ce fût pour nous l’occasion de rêver davantage dans la pâle clarté d’une lampe tempête.
En somme, il n’y avait eu aucune perte. La corsaire aux tresses d’argent avait livré un combat exemplaire et elle méritait amplement son grade de premier maître. Nous étions tous installés autour de Gouec Le Rouge, et, le livre épais sur les genoux, je leur lisais les fabuleuses aventures de Jim et du trésor perdu.
En dehors des combats, cette escapade nous avait donnée des joies incomparables. Nous visitâmes des îles étranges et des atolls de rêve.
Ces îles étaient l’image même de notre imagination. Puis ce fut le Cap Horn et ses tempêtes fulgurantes. Nous étions en vue d’une terre quand la sirène de brume du port retentît pour nous rappeler à l’ordre et nous inviter à nous mettre à l’abri dans nos maisons.
Plus jamais nous ne repartirions pour des courses lointaines, le dernier trimestre scolaire était trop important. Après le collège, il y avait les leçons à apprendre et, également, d’autres travaux : je devais aider ma mère pour les courses et mes petites sœurs, Yann devait retourner au Foot le mercredi, Gouec se partageait entre sa mère à Brest et sa Grand-mère qui n’y voyait plus très bien.
D’ailleurs les travaux sur le port prenaient de plus en plus d’ampleur. Il était dangereux de se montrer trop souvent. A peine étions-nous sur les quais que déjà il nous fallait rentrer.
Nous prenions quand même le temps de venir voir la Sainte Alice tous les jours.
Pas le midi, bien entendu. L’agitation était telle sur le port que cela aurait pu avoir de mauvaises conséquences…
Seule, mon amie, la Corsaire aux tresses d’argent pouvait aller le midi sur les quais. Elle accompagnait souvent son père en tournée de livraison. Ils passaient tous les matins devant le cimetière à bateaux.
Elle pensait à nos fabuleuses aventures. Elle avait l’intention d’en écrire le récit qu’elle dédicacerait à son grand ami, le second : monsieur Paul.
Elle se projetait dans l’avenir, voyait la Sainte Alice en cale sèche, rénovée, prête à toutes les aventures palpitantes.
Peut-être formeraient-ils un équipage d’explorateurs intrépides, et on parlerait d’eux à la télévision.
La gamine veillait donc sur la Sainte Alice avec un dévouement sans failles…
Et en cela, elle avait parfaitement raison…



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