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 Le désir (2)

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Emilie
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Emilie


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Date d'inscription : 26/12/2004

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MessageSujet: Le désir (2)   Le désir (2) EmptyMar 22 Fév - 10:32

Aux yeux des stoïciens, les épicuriens restent malgrè tout victimes de l'illusion que c'est dans la satisfaction du corps, donc dans l'accès à certains objets que la nature nous invite à désirer, que peut consister l'accomplissement de la vie humaine, et de la sagesse. or tout le stoïcisme repose sur la dinstinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. C'est une illusion de croire que la condition de notre bonheur réside en dehors de nous, dans le monde. Pour un stoïcien, ce qui dépend de nous, c'est avant tout nous-mêmes, c'est-à-dire nos opinions sur les choses, nos jugements, nos actes. La sagesse consiste alors à reporter tout notre désir sur ce qui dépend de nous, c'est-à-dire sur nous-mêmes. On peut désirer s'améliorer, progresser vers la sagesse, maitriser toujours plus les passions. Le désir peut donc être dirigé vers nous-mêmes et non plus vers le monde extérieur. Seul peut être bon pour moi ce qui me rend meilleur, seul peut être mauvais pour moi ce qui me rend pire que je n'étais. Or ce qui me rend meilleur ou pire, ce n'est pas ce qui m'arrive, c'est ce que je fais. Le sage est celui qui sait que toutes les choses extérieures sont à son égard indifférentes, et qui ne désire qu'une chose : progresser sur la voie de la sagesse.

Pour les sagesses stoïcienne et chrétienne, il importe moins de vivre et d'agir que de bien vivre et de bien agir : vivre et agir ne sont pas une fin en soi. Or Spinoza fait remarquer que "nul ne peut désirer être heureux, bien agir et bien vivre, c'est-à-dire exister en acte". Le désir ou "effort" de vivre, que Spinoza appelle en latin conatus, désir de persister dans l'existence et d'accroître sa puissance d'agir, est nécessairement antérieur à toute prise de position morale. Pour agir (bien ou mal), il faut d'abord être, et être en position d'agir, c'est-à-dire disposer d'une puissance d'action. C'est pourquoi Spinoza caractérise ce désir comme étant l'essence même de l'homme et ne pouvant pas faire l'objet d'un jugement de valeur moral.

Toutefois, si le désir nous porte simplement de façon aveugle à persister dans l'existence et à accroître notre puissance d'agir, il convient de se demander dans quelle mesure ce désir est bien le nôtre, et non le désir de l'espèce qui tend à se perpétuer à travers nous (Schopenhauer). le désir s'humanise dans la mesure où il est en quête de son objet, suscite des fantasmes à travers lesquels il se met en scène. Le désir ne se réduit pas à l'instinct. L'instinct des animaux est invariable et anonyme, il est ce qui spécifie l'espèce et non ce à travers quoi les individus se distinguent à l'intérieur d'une même espèce.Or Freud a montré que la séxualité humaine n'était pas figée mais qu'elle était liée à l'histoire propre de chaque individu. Il y a pour chacun une histoire du désir qui se développe, se déplace et peut changer et d'objet et de but à travers les différentes étapes de l'enfance, de l'adolescence et de la vie adulte. Le désir est humain dans la mesure où il n'est pas rivé à un objet comme l'est un instinct. Le désir humain ne porte sur rien de déterminé qui soit donné tel quel dans la nature : il y a toujours une déception qui accompagne toute réalisation d'un désir. Ce par quoi le désir se distingue du besoin, c'est précisément qu'il n'est rien dans le monde qui puisse l'assouvir de façon adéquate, parce que le désir ne porte en derbière analyse sur rien d'autre que sur le désir de l'autre, et trouve sa vérité dans le rapport de séduction. Chacun désire en définitive être désiré par l'autre, c'est-à-dire être reconnu à la fois comme sujet désirable et désirant. (Hegel)

Si le désir est au fond de notre être, il est aussi le moteur et la source de toute vie. Il est donc paradoxal qu'il puisse exister des formes de vie qui condamnent le désir, c'est-à-dire la condition de vie même. Cette forme de vie est essentiellement l'ascétisme moral. Celui-ci voit dans le désir un péché dont il conviendrait de se purifier. Le saint et le mystique tendent à éteindre en eux la voix même du désir, alors qu'elle est la voix de la vie. Le moine chrétien fait voeu de chasteté, de pauvreté, d'obéissance, c'est-à-dire qu'il fait voeu de renoncer à son propre désir. A ses yeux, être né du désir d'un homme et d'une femme, c'est "être né dans le péché". Le dogme de l'Immaculée Conception (=la croyance catholique selon laquelle Marie a conçu "sans péché") revient en pratique à "maculer" toute conception, à dire que la vie ne peut naître que dans le péché et du péché. L'ascétisme est un attentat contre la vie. Médire du désir, c'est blasphémer contre la vie, contre la source même de toute vie séxuée.

La raison n'est pas une autre instance, en l'homme, capable de tenir tête aux désirs et de contenir leur impétuosité. Ce que nous appelons "raison" n'est rien d'autre que la résultante précaire d'un certain équilibre des forces qui m'habitent, le résultat d'un compromis entre les différents désirs qui coexistent en moi. "De nombreux instincts se disputent en moi la prédominance. Je suis en cela l'image de tout ce qui vit. (Nietzsche).

Le désir n'est pas la simple persistance d'une part animale, ou bestiale en nous, , alors que l'humanité résiderait dans la seule raison. La distinction rigoureuse entre besoin et désir n'existe que chez l'homme, ce qui veut dire que le désir est bien une réalité humaine. Freud a montré qu'il y avait une histoire du désir pour l'individu, sans doute en va t-il de même pour les peuples. Les lois qui encadrent, et donc structurent le désir varient selon les civilisations (Lévi-Strauss). Chez l'homme, le désir n'est jamais laissé à l'état sauvage, mais se trouve toujours confronté à des interdits, ne fut-ce que l'interdit capital de l'inceste. L'interdit, s'il est bien fait pour des vivants, c'est-à-dire s'il respecte la part du désir en nous, ne vise pas à éradiquer le désir (comme c'est le cas dans les surenchères ascétiques pour lesquelles désirer le moins possible, c'est se rapprocher le plus possible de la perfection et de la "pureté), mais au contraire à l'humaniser, c'est-à-dire à l'arracher à sa forme purement instinctive.
L'expression du désir à travers la littérature, la poèsie, la musique montre bien que le désir peut être stylisé et décliné différemment selon les cultures et les civilisations.
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