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 Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 4

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Pascal9
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Pascal9


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Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 4 Empty
MessageSujet: Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 4   Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 4 EmptyMar 15 Fév - 16:59

Chapitre 4.




« Au large de l’île Tortuga,
au milieu des requins avides
Nous voguerons hardis gars !
Hé tonne, tonne, sacré canon !
Il y a autant de doublons à gratter
Que de galions à saborder
Pour les frères de la côte de l’homme mort.

Cingle au vent notr’drapeau d’enfer !
Glisse sur la vague amie
Détrousser les navires marchands
Que personne ne défend
Hé tonne, tonne, sacré canon !
Lorsque nous serons pris par l’Anglais
Plus de galions à saborder
Pour les frères pendus de la côte du gibet ! »

Qui a appris cette chanson en premier ? Le Plouec ? Le jour où il est venu avec ses vieux livres et ses cartes marines… Gouec, à qui nous devions le respect dû à son grade de « capitaine » ?
Je ne sais plus. C’est peut-être le vent qui nous l’a apportée. En tous cas, nous l’avions gardé à bord.
Parce que cette terrible complainte racontait bien ce que nous rêvions tous. Qu’il était prouvé que nous étions de redoutables pirates et qu’il n’était pas bon nous rencontrer sur la mer. Et qu’il fallait être sans pitié comme tous les frères de la côte. Et pouvoir accomplir de longs périples. Et parcourir la terre entière…
Une terre vierge où les hommes ne meurent pas véritablement, et s’endorment trop longtemps, tout simplement… Parce que mon père à moi, il est mort… Un soir, il rentrait de pêche et il est tombé du plat bord, mais personne n’a eu le temps d’aller le repêcher. Si quelqu’un l’avait vu, mon père serait encore vivant. C’est Kémeneur qui l’a dit, que Papa aurait pu être sauvé si les gars l’avaient vu tomber à la baille.
Il était très gentil, Papa. Il m’emmenait sur le port, on y allait tous les matins avec les copains d’alors. Et il a fabriqué un petit canot à la famille. Parce que ma famille est née de la mer. Et puis, Papa ne buvait jamais dans les cafés et il n’a jamais diffamé ni détesté personne, tandis que le père de Gouec, quand il a son compte de « fil en six », il donne des coups à sa famille.
L’autre jour, il a détruit un café en ville. Et des vitrines aussi. Quand les gendarmes sont arrivés pour l’arrêter, il leur a cherché querelle. Cela a fait tout un cinéma sur le port. Le Gouec en a été tellement secoué que pendant toute la semaine, il n’a même pas osé venir en classe.
Les gens ne devraient pas être violents. C’est une erreur. Et une autre erreur, c’est que les gens pensent se donner du courage avec l’alcool. Parce que Gouec qui s’est proclamé notre capitaine, à quoi ça lui sert de raconter des tas d’histoires aventureuses sur son père ? Il ment tout le temps : Il dit que son père est responsable de tout à bord de la GRANVILLE, il n’est que bosco. Il raconte qu’il va à la pêche avec lui, il ne le voit jamais, son père, c’est un ivrogne… Pauvre Gouec, ses parents ont divorcé et l’on laissé à sa grand-mère…
Ce n’est pas la seule erreur, dans toutes les familles, il y a des erreurs…
Alors, nous, on a voulu en terminer avec tout ça. Canonner la grisaille et capturer l’aventure, ne penser qu’à des voyages superbes et oublier la monotonie des jours.
Cela devait être formidable vers les rivages où nous conduirait notre coursier des mers.
On ne parlait jamais de nos aventures entre nous, ce n’était pas utile… On les vivait plutôt dans nos actes. Chaque aventure est faite de bruits et de couleurs, et Michael dit que ce n’est pas en voyageant vraiment que l’on se libère, on se libère en rêvant de voyager.
« Cingle au vent notr’drapeau d’enfer !
Glisse sur la vague amie… »
Notre chant de guerre était dans toutes nos équipées. Et chacune de nos équipées débutait par les ordres du capitaine Gouec Le Rouge
- « Compagnons, aux postes de manœuvres… »
Il donnait tous ses ordres du haut de la passerelle. Il se tenait debout sur le toit. Le chapeau, c’est lui qui l’avait récupéré chez sa grand-mère, ancien chapeau breton affublé d’une plume rouge qui provenait d’un vieux boa poussiéreux. Le sabre était un véritable sabre. Michael nous avait dit que les dragons utilisaient les mêmes. Il avait pu le voir lorsqu’il était allé à Paris, au Musée des Armées. Il trouvait que le sabre de Gouec Le Rouge était trop grand par rapport à nos sabres de bois. Mais, je le rassurais en lui disant que la taille des sabres dépendait du grade, donc il était normal que le sabre du capitaine fût plus long que nos rapières respectives.
-« Compagnons ! Sur la passerelle ! Ordres du capitaine ! » et, prestement, nous étions rassemblés : le Bosco, le mousse, le petit maître coq et le second, c’est-à-dire moi.
On manoeuvrait parmi les tas de filets. Gouec, seul, montait sur le toit du poste d’équipage, et nous, on restait sur le pont à le contempler.
Le NORDEN était fait de bon bois de Norvège. Il avait été un bon bateau. Nous avions dérobé des pavillons à la Capitainerie du Port. Il y en avait douze pour communiquer nos messages secrets. Nous les avions cachés dans l’un des larges coffres de l’unique cabine. Ils étaient magnifiques, nos pavillons, mystérieux et inquiétants et particulièrement celui qui indiquait : « Maladie contagieuse à bord », nous impressionnait. Nous nous étions munis également de larges balais de cour, à tour de rôle, le coq et le mousse, la rage au cœur, devaient entretenir le pont, le capitaine était inflexible :
- « La corvée, à la passerelle ! Je jette à la mer le dernier sur le pont ! »
Alors l’équipage de servitude, c’est-à-dire Michael et le petit frère de Yann, astiquait à grands coups de balais le pont encombré de vieux filets jaunis, de lourdes caisses éventrées et de tout un fouillis inextricable. Nous les encouragions de nos cris :
- « Oh ! Frotte mon gars ! »
Gouec Le Rouge lançait alors un nouvel ordre :
- « Larguez les amarres ! »
Et nous autres, exécutions la manœuvre : les vieux filets serrés en torsades étaient jetés sur le quai.
- « Cap sur Bilbao, venais-je annoncer au Bosco.
Nous ne savions pas où se trouvait Bilbao, et nous aurions été très étonnés d’apprendre que cette ville était cité du Pays Basque, mais le capitaine disait que cela n’était pas grave, car le nom était joli et exotique. Il consulterait l’Atlas en rentrant chez sa grand-mère. Si la marée était bonne, nous y serions dans une semaine…
- « La barre à droite ! » criait Gouec Le Rouge.
- « La barre à droite ! » répétai-je, installé derrière la vieille barre bloquée du NORDEN . Elle était soudée définitivement à son chevalement.
- « Droit au vent ! Comme ça ! » indiquait le capitaine.
- « Droit au vent ! » répondais-je.
Nous avions bonne mer. Au-dessus des grues, les mouettes criaient à la bise et, sous le phare, dansaient les eaux grises du port. Le marché aux poissons s’ouvrait dans le tumulte. Pour nous tous, il n’était pas concevable que la « Sainte Alice » resta à quai, nouas avions déjà dépassé la jetée. Les grues de fer se transformaient pour nous en palmiers gigantesques. Le phare en bastion avancé espagnol.
Mais moi, je savais qu’on allait livrer bataille contre l’Espagnol ou l’Anglais et je distinguai déjà les voiles sur l’horizon. Les parages étaient dangereux, nous vîmes passer au loin un corsaire hollandais, c’était, bien entendu, la vedette du pilote du port…
Tous les endroits étaient transformés dans notre monde, de même que les lieux et les chemins, les coins habituels étaient changés et nous les avions rebaptisés : La Capitainerie était devenue Fort Alicante ; la jetée Napoléon, l’anse du Pirate borgne ; le marché aux poissons s’appelait dorénavant la taverne du Requin Blanc… Le cap des Fous était du nombre ainsi que les récifs du bout de la Mort. Ce dernier nom pouvait surprendre, mais de notre navire, nous apercevions les rochers accrochés à la Gendarmerie Maritime, de sinistre réputation pour des pirates chevronnés tels que nous.
Sur notre bateau, nous avions embarqué des sacs de couchage. C’étaient des équipements qui trahissaient notre ferme intention de passer la nuit à bord.
Quelquefois, lorsque approchait l’heure de déjeuner, le maître coq semblait s’affairer. Le Bosco et le cuisinier tout en « cuisinant » nous racontaient des souvenirs de leur passé fabuleux. Ils avaient vécu des aventures tumultueuses :
- « Un jour, le second de notre frégate lance le navire rapidement dans la passe étroite d’une île. Il était très bon marin, le second… Tout à coup, il sent le navire vibrer dans ses membrures. Il regarde : ça écume, ça s’agite… Une forte marée, pense-t-il. Là bas sous les Tropiques, les océans laissent beaucoup de mystères, il paraît que les régions inexplorées sont nombreuses. Alors, le second a tout d’abord pensé que c’était un volcan sous-marin qui agitait la mer. Mais voilà que cette île se gondole autour du navire et, c’est alors qu’en fait d’île, il s’agissait du corps d’un immense serpent qui venait d’encercler notre frégate ! »
- « Et alors ? Et alors ?
Nous avions hâte de connaître la suite de l’aventure.
- « Et alors ! D’un magnifique coup de canon de proue, il a décapité proprement le serpent de mer. Après quoi, l’équipage le dépeça et nous eûmes ainsi de la viande fraîche pendant six mois, la peau nous servit à calfater la coque en son entier. »
- « Yie Pie ! Pour le second ! Cria Michael en agitant sa vieille casserole, quand partons-nous pour la pêche au serpent de mer. »
- « L’équipage sur le pont, fini de se prélasser ! » hurla Gouec Le Rouge.
La conversation s’arrêta aussitôt. Le mousse alla à terre : dans le fond du marché couvert, il existait un trou dans le mur où nous passions pour nous approvisionner en « denrées fraîches ». Le capitaine retourna dans sa cabine tandis que le coq et moi, on se mit à réchauffer un vieux réchaud à alcool.
Des ustensiles, nous en avions à profusion : chacun d’entre-nous avait rapporté d’expéditions diverses les appareils les plus invraisemblables. Il fallait les stocker, les nettoyer, les garder précieusement. Une poêle trouée s’avérait peut-être indispensable dans notre univers.
A chaque expédition, il fallait partager le butin équitablement. Si jamais les parts n’étaient pas égales, gare aux foudres de Gouec Le Rouge !
Mais cela n’était pas dans l’usage. C’est de notre camaraderie qu’il s’agissait, car chacun de nous formions une parcelle de ce qui était l’équipage le plus uni de la flibusterie. Michael, Yann, Le maître coq, le Capitaine et moi étions rassemblés comme les cinq doigts d’une main tendue vers le large. Je peux vous dire que pas l’un d’entre nous ne manquait l’appel de l’Aventure.

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Les flibustiers de la Sainte Alice (Jeunesse) Chapitre 4
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