Poème de José Chanly : explications

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LA CROIX DE GOLGOTHA


Le cheval est là
la tête posée sur une
croix de Golgotha


Nous partirons seuls
sans masque d'or ni canopes
un p'tit tour puis hop!
nous serons dans un linceul
trop blancs trop raides trop propres


La ville ukrainienne
de Bolechow, on dirait
un Bernard Buffet
photo de dix-neuf cent dix
méfions-nous de l'eau qui dort


Dans mon poêle se
joue un drame, le grisou
plus fort qu'un grizzly
pas facile de retrouver
cet ours dans le dictionnaire


Tous les hommes forts
qui m'ont précédé sont morts
qu'entreprendre alors
pour éviter un tel sort
à mon cher et faible corps?


Premier soir de mars
un merle chante sa joie
d'être toujours là
dans ce beau cadre fossois
au loin gémit l'ambulance


L'eau de l'étang bout
durant l'averse, les truites
et des carpes cuites


Des plumes éparses
c'est tout ce qui reste d'une
tourterelle turque
dépecée par un rapace
venu tout droit d'Arménie


Plus de chauds plaisirs
en enfer qu'au paradis
semeur d'interdits


J'aperçois le long
d'une corde imaginaire
grimpant à l'assaut
du ciel ma toute première
alouette ivre de notes


Dos au soleil je
m'allonge aussitôt tel un
Giacometti
mais qui est cet Italien
demande l'ange gardien


Sous de noirs nuages
le cri plaintif d'une buse
toute la douleur
d'un monde où proies et rapaces
connaîtront la même impasse


Chant de la mésange
charbonnière lançant ses
notes blanches jaunes
et noires au gré du vent
elle rêve de terrils


Quand la femme l'oeil
n'allumera plus, bois mort
serai devenu
choix de l'incinération
quand cela sera venu


José Chanly