Mots d'art & Scénarios Poésie, littérature, pensées, scripts d'art, oeuvres de Ginette Villeneuve |
| | Cheminement (du blé au pain) | |
| | Auteur | Message |
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MONA Messsager
Nombre de messages : 36 Localisation : France Date d'inscription : 08/01/2005
| Sujet: Cheminement (du blé au pain) Mar 18 Jan - 4:59 | |
| CHEMINEMENT
Le soc luisant se glisse en la glèbe fertile Et la terre gercée exhale du sillon Un souffle vaporeux dont la tiédeur utile Fera croître la graine et chanter le grillon.
Sous la fougue du vent et de la force humaine, La semence enfouie agonise et se tait. Dessous le drap d'hermine étendu sur la plaine On la dit sans vigueur : elle germe et renaît.
Le blé d'avril ondoie où la brise murmure ; Sous l'aube chatoyante et ses rayons de miel La nappe d'émeraude offre sa chevelure A la nacre, à la moire, où s'irise le ciel.
Juin orne de fleurs le front des champs gravides : Coquelicots, bleuets - tendres tisons d'azur -, Et les grains assoiffés, de douce pluie avides, Grossissent en silence enchâssés dans l'obscur.
Lentement le soleil, ourlé de sombre orage, A ployé les blés mûrs qui houlent sous juillet. Une moisson croulante incite le courage Des hommes résolus, à l'esprit inquiet.
L'épeautre au ciel dressé - flèche de cathédrale -, Atteint de déhiscence a pesé son froment : Epi battu, chaque grain d'or est une étoile Offerte à notre faim en quête d'aliment. * Nous irons pour glaner, au hasard des éteules, Le blé dur et fécond de la fraternité. Quand auront disparu les méchants et les veules, Naîtra l'aube nouvelle au sillon enchanté.
Alors viendra le jour, sur le sol en jachère, Où nous verrons grandir, nous montrant le chemin, Le gerbier de l'amour : dans sa voix messagère Peut-être entendrons-nous chanter l'âme du pain.
Mona | |
| | | Gi Rang: Administrateur
Nombre de messages : 14616 Localisation : Lévis secteur Charny, Québec, Canada Date d'inscription : 18/12/2004
| Sujet: Re: Cheminement (du blé au pain) Mar 18 Jan - 16:13 | |
| Mona Je t'offre en échange ce poème de Federico GARCIA LORCA sur la pluie Gi...
P L U I E
La pluie a comme un vague secret de tendresse, Plein de résignation, de somnolence aimable. Discrète, une musique avec elle s'éveille Qui fait vibrer l'âme lente du paysage.
C'est un baiser d'azur que la Terre reçoit, Le mythe primitif accompli de nouveau, Le contact d'une terre et d'un ciel déjà froids Dans la douceur d'un soir qui n'en finit jamais.
C'est l'aurore du fruit, la porteuse de fleurs, La purification du saint-esprit des mers. C'est elle qui répand la vie sur les semailles Et dans nos coeurs le sentiment de l'inconnu.
La nostalgie terrible d'une vie perdue, Le sentiment fatal d'être arrivé trop tard, L'espérance inquiète d'un futur impossible, Et l'inquiétude, soeur des douleurs de la chair.
Elle éveille l'amour dans le gris de ses rythmes. Notre ciel intérieur s'empourpre de triomphe ; Mais bientôt nos espoirs en tristesses se changent A contempler sur les carreaux ses gouttes mortes.
Ses gouttes sont les yeux de l'infini qui voient Le blanc de l'infini qui leur donna naissance.
Chaque goutte de pluie en tremblant sur la vitre Y fait, divine, une blessure de diamant, Poétesse de l'eau qui a vu et médite Ce qu'ignore la foule des ruisseaux et des fleuves.
Sans orages ni vents, ô pluie silencieuse, Douceur sereine de sonnaille et de lumière, Pacifique bonté, la seule véritable, Qui, amoureuse et triste, sur toute chose tombes,
Ô pluie franciscaine où chaque goutte porte Une âme claire de fontaine et d'humble source, Quand lentement sur la campagne tu descends, Les roses de mon coeur à ta musique s'ouvrent.
Le psaume primitif que tu dis au silence, Le conte mélodieux que tu dis aux ramées, Mon coeur dans son désert le répète en pleurant Sur les cinq lignes noires d'une portée sans clé.
J'ai la tristesse en moi de la pluie sereine, Tristesse résignée de l'irréalisable Je vois à l'horizon mon étoile allumée Mais mon coeur m'interdit de courir pour la voir.
Tu mets sur le piano une douceur troublante, Ô pluie silencieuse, ô toi qu'aiment les arbres. Tu donnes à mon coeur les vagues résonances Qui vibrent dans l'âme lente du paysage !
Janvier 1918 - Grenade Livre de poèmes, 1921 Federico GARCIA LORCA (1898-1936) | |
| | | MONA Messsager
Nombre de messages : 36 Localisation : France Date d'inscription : 08/01/2005
| Sujet: sUPERBE ! Mar 18 Jan - 17:38 | |
| Merci Gi : je viens de le copier pour l'imprimer car je trouve ce poème magnifique : dommage que la traduction ne restitue pas les rimes... mais le fond demeure et c'est l'essentiel. MONA | |
| | | didier m Invité
| Sujet: Re: Cheminement (du blé au pain) Mer 19 Jan - 3:56 | |
| Le soc luisant se glisse en la glèbe fertile Et la terre gercée exhale du sillon Un souffle vaporeux dont la tiédeur utile Fera croître la graine et chanter le grillon.
Sous la fougue du vent et de la force humaine, La semence enfouie agonise et se tait. Dessous le drap d'hermine étendu sur la plaine On la dit sans vigueur : elle germe et renaît.
quelle belle leçon de poésie !
te lire m'apprend beaucoup
et ton texte est très beau !
merci Mona
didier |
| | | MONA Messsager
Nombre de messages : 36 Localisation : France Date d'inscription : 08/01/2005
| Sujet: merci Mer 19 Jan - 5:06 | |
| Merci Didier pour ton appréciation : c'est plutôt un exercice de style et de la poésie régulière. Ma fille m'y a reproché son caractère "hugolien" : nul n'est parfait ! MONA | |
| | | didier m Invité
| Sujet: Re: Cheminement (du blé au pain) Mer 19 Jan - 5:22 | |
| hugolien ?
certes!
Nous irons pour glaner, au hasard des éteules, Le blé dur et fécond de la fraternité. Quand auront disparu les méchants et les veules, Naîtra l'aube nouvelle au sillon enchanté.
et si beau! |
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| Sujet: Re: Cheminement (du blé au pain) | |
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| | | | Cheminement (du blé au pain) | |
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