Mots d'art & Scénarios
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Mots d'art & Scénarios

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 Petits bouts de jours...

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késaco
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MessageSujet: Petits bouts de jours...   Petits bouts de jours... EmptyJeu 22 Nov - 5:47

Jours ordinaires… par petits bouts


P
otron-minet. Aurore.Étirements. Réveil !
Est-ce que cet instant dessine le soleil ?
T
out premier : les pieds droits tombent dans les ruelles.
Il pleut sur les rideaux et ces lattes cruelles,
Tiens, nous allons lever sur le jour ainsi fait.
Sur les tables : tartines de beurre et café...

Mais il faut donc aller un autre pain gagner,
Oublier son chez-soi, derrière la poignée !
Midi Zénith du jour. Restauration. Retour
En ces lieux du matin, professionnel séjour.
Nous n'y restons pas tous, car nous attend la course :
Tiens je prendrai du pain des euros de ma bourse...
Soir. Dîner au clavier, deux blablas, un délire...

Dans l'odeur de tabac et d'encre, l’on s'étire
Et puis : un verre d'eau saisi à pleine main...

Vient minuit étoilé, mais ça ne sert à rien.
Il ne pleut plus. Tant pis. On s'endort. On est bien
Et la lune sourit et nous dit : « À demain ».

késaco
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késaco
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késaco


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MessageSujet: AU POTRON-MINET   Petits bouts de jours... EmptyJeu 22 Nov - 6:17

Quatre murs ...


Le bonheur tient à peu de choses. Quelques mètres cubes d’air enfermés entre quatre murs...
Le moment de solitude quotidienne est obligatoire et on ne le choisit pas. Il dépend de nos intestins, gros ou grêle, de nos colons, longs ou courts, de nos reins, petits ou grands... Pas question d’y prendre les vessies pour des lanternes !
La station assise et épurative est un bien nécessaire, le dernier maillon de la chaîne digestive... Chacun de nous se doit d’y passer pour ne pas trépasser. Qu’il soit riche ou pauvre, vassal ou suzerain, il y vient.
Moi aussi.
J’y écris. J’ai aussi essayé, un temps, les mots croisés, le journal ou la lecture. Il en reste encore les vestiges : une pile de revues et de catalogues divers, empilés à proximité du trône... Il porte bien son nom, le siège blanc ! On y est un roi. Le roi de rien, mais personne ne le voit. Moi, j’y prends mon temps, au petit dam de ceux qui souhaitent m’y succéder...
C’est le café qui a poussé le reste, définitivement, vers la sortie. Et comme le café ne va pas sans cigarette, j’en fais un espace fumeur. Au grand dam etc etc...

Derrière la porte, on trépigne : “ ça fait une éternité... Ça va au moins ?... Mais qu’est-ce que tu fabriques ?...
Quelle blague !
Je ne réponds qu’un petit “ ça y est ” rassurant... J’ai su, avant, ce que c’est que d’attendre...
Triple épaisseur... J’écrase le mégot.
L’autre entend le bruit du petit « déluge » d’eau melangée au cube bleu anti tout et tout, avec la satisfaction que j’imagine et qui doit sur-activer son envie (je le sais, j’y suis passé !)...
Une pression ou deux sur le bouton blanc de la bombe qui sent bon...
« Meilleur », dirai-je et… du moment de bonheur obligatoire et quotidien, maintenant, je m’en lave les mains…

Au suivant !



La Barbe !!


Zut ! Elle a encore poussé cette nuit ! Pourquoi ça n’arrive qu’aux hommes ?
« Question d’hormones, me répond-on. Tu crois que l’épilation, c’est marrant ? Et puis, il arrive aux femmes bien d’autres choses dans leur vie de femmes, qu’une barbe qui pousse ! »
Bon, d’accord, je me résigne. Rasons-nous donc. Ce passage auquel nous oblige la “ bonne présentation ”, voire la décence, pour moi, c’est avant la douche. Comment font-ils les autres, au fait ? Je ne leur ai jamais demandé. Ce n’est pas un sujet de conversation entre hommes.
J’humecte mon visage d’eau tiède comme me le suggère, en trois ou quatre langues, la bombe spécialement conçue pour nos poils... Ça réveille et mes joues accepteront mieux le savon et l’acier.
Le petit « pchchcht » que mon index a fait chuinter, fait mousser ma face. J’étale avec trois doigts délicats.

« Cette tête ! ».

La vision blanche est la même tous les matins. Je ne me ferai jamais à cet éphémère postiche...
La lame maintenant va entrer en action. Ou plutôt, les lames : la première qui tire, la deuxième qui coupe et la troisième qui peaufine pour faire la peau lisse. Je n’aurai pas besoin, dit la publicité, de rebrousser les poils. Et puis je sens, dès la première « caresse » d’acier, que mon fils, qui est devenu un homme à barbe, n’a pas utilisé, « par inadvertance », MA lame avant moi. Ça ira donc assez vite. Tant mieux.

Me raser me rase certains matins ; d’autres ma résignation est moindre ; aujourd’hui, c’est entre les deux. Le “ Gilette ” court malgré tout, râpe tout, balaie tout sous son passage...
La mousse tachetée de points noirs, s’amasse à la base du manche. Quand il y en aura trop, je rincerai...
De toutes les façons, je rincerai l’outil avant de m’attaquer au menton ; c’est un endroit délicat, le menton et ses sinuosités « cache-poils ».
Pour le reste du visage, mon esprit peut vagabonder, même s’il s’agit de s’attaquer à l’espace compris entre la base du nez et la lèvre supérieure, communément appelé « moustache », même si l’on n’en a pas… Mais le menton, ça, le menton !

Oui, on est deux à réfléchir, le matin ! La glace qui projette mon image et celle d’un nouveau jour et moi qui pense à lui : que ferai-je ?, où irai-je ?...
Il est même des matins où je parle à mon image ! Ce n’est pas le cas, aujourd’hui. Je reste coi, quoi ! Déjà que je n’avais pas envie de me raser et que j’ai cédé une nouvelle fois à la « bonne présentation » !

"Et le savon que tu as oublié sur les lobes des oreilles et à la racine des "pattes", de chaque côté ? » semble me dire mon double à travers le tain.

« La pomme et le gant-éponge vont s’en charger », me réponds-je, tout en regardant le tourbillon du robinet qui engloutit les poils de la nuit...

Ainsi donc, ce qui fut « non-dit » fut fait…

Voilà ! Tout est propre dans les moindres recoins.

Un peu d’Obsession pour la thérapie de la peau et pour l’odeur. C’est le “ sent bon ” d’aujourd’hui. Il a remplacé celui avec lequel ma mère parfumait ma peau d’enfant imberbe. Ô, temps heureux des matins sans la rasage-obsession !...

Demain, je prendrai le rasoir électrique...


késaco
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Gi
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MessageSujet: Re: Petits bouts de jours...   Petits bouts de jours... EmptyVen 23 Nov - 13:43

bisous tout plein, tu sens tellement bon.

Gi
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késaco
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MessageSujet: Re: Petits bouts de jours...   Petits bouts de jours... EmptySam 24 Nov - 3:34

coeur-baiser

« Un Ricard sinon rien »



Le circuit de “Maître Paul” fut bien inspiré de passer un jour par notre métropole, où l’homme-élixir put enfin respirer la badiane étoilée !

Une terrasse, un bistrot, le soleil, l’anis et l’eau. Elle et lui se font face. Leurs doigts se touchent sans efforts, tellement est petite la table de marbre rond au pied unique à volutes de fonte. Leurs têtes folles sont protégées du feu du sud par le célèbre parasol jaune et bleu. Ils regardent sans mot dire déambuler les passants sous le soleil provençal...

“ Deux Ricard, s’il vous plaît. ”...
Le descendant de César dépose bientôt sur la petite table ronde aux pieds forgés, les verres, la carafe et la petite coupelle de plastique qui recevra, après, le prix de ce petit moment de leur vie...
Le glaçon a déjà troublé le volume de leurs sirops d’ombellifère.

Que faire ?

Ajouter, lentement, quelques volumes d’eau. « Cinq », dit l’envers de la bouteille. Croisement des mains et des poignets. Ça c’est pour elle, et ça pour lui…
Et l’anis en louchit de son jaune sourire, en cette fin de matinée ensoleillée.

Petit choc de deux verres en vacances, loin du reste du monde… Le frais nectar de “ Paulo ” coule sur leurs glottes, folles aussi, et assoiffées.

“ Un Ricard, sinon rien ”, disent en chœur les carrés de carton sous leurs verres...

Rien que lui et elle, attablés, à regarder les inconnus. Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Jamais ils ne les reverront. Ils partent vers ailleurs... Il leur reste le plaisir fugitif d’un petit apéritif de vacances, en Provence.


késaco





VERS D’APÉRO...


Le prélude au festin, au “ couaneut ”, au repas,
Qui met en appétit, ne s’escamote pas.
Il convient de laisser au “ lever de rideau ”,
Qu’on y prenne un alcool, qu’on s’y abreuve d’eau,
Ou y boive un sirop, tout le temps, saperlotte !
Pour s’en bien aiguiser l’estomac par la glotte !
“ Que boirez-vous, mon cher ? Votre dame, c’est quoi ? ”
“ À l’hôte le troisième, dit « Assez, pour moi
D’un doigt de ce Porto. ” Le quatrième dit :
“ Me proposeriez-vous un peu de cet anis,
Celui de monsieur Paul, qui louchit dans les verres ? ”
Et pendant qu’il servait les alcools, arrivèrent
Les petits toasts beurrés, joliment décorés
D’œufs de caille et d’anchois et les petits carrés
D’omelette, piqués d’un bâtonnet de bois.
“ Moi, dit timidement la cinquième, je bois,
Si vous le voulez bien, la boisson du chanoine. ”
De cet oubli « divin », ma joue devint pivoine
Et je versai le vin moelleux sur le cassis.
L’incident oublié, nous voilà tous assis
Pour l’entrechoquement : “ à la vôtre ! à la tienne ! ”
Et la lèvre s’humecte et les mains vont et viennent
Des toasts aux petits bols regorgeant de pistaches,
Cacahuètes grillées et olives qui cachent
Au cœur de leur corps vert, un noyau en amande.
Untel parle du temps, une autre redemande
“ Finalement un doigt de plus de ce Porto. ”
La suivante tournée et resservie bientôt...
Les enfants, la santé, le travail, tout et rien :
La conversation va son train-train quotidien...
La fonte des glaçons d’un derechef nous prive.
Mais c’est tant mieux : voilà que sur la table arrive
La soupière, exhalant son fumet mystérieux...
L’appétit aiguisé, nous regagnons le lieu
Du repas convivial. “ À la tienne ! à la vôtre ! ”
Le prélude cordial a pris “ faim ” ; voici l’autre :
Il s’appelle repas de famille, amical,
Mais c’est une autre histoire, autre instant primordial...


késaco


Dernière édition par le Lun 26 Nov - 2:35, édité 1 fois
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késaco
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késaco


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MessageSujet: Cet autre moment   Petits bouts de jours... EmptyLun 26 Nov - 2:27

Au bord du verre à pieds, le plus grand des trois, celui qui contiendra peut-être l’eau et dans lequel, pour l’instant trône la serviette savamment pliée, telle une blanche fleur inconnue, un "ouvrage" de carton de quatre pages indique, à la une, le prénom de chacun. Et chacun prend sa place. Il hésite à effeuiller les pétales de tissu.

Sous son nom, “chacun” a son dessin, qui un stylo ou une plume, qui un antique calame ou bien un encrier.
La page trois du livret révèle le pourquoi de la chose : “FESTIN DE MOTS”...

Quoi ? Manger les mots ? Comment se comprendre, si les paroles sont avalées ? Pourquoi ne pas les boire, plutôt ? Et comment les manger avec tous ces couverts, ces outils gastronomiques, ces couteaux, ces cuillers d’un autre âge, ces piques d’argent à deux têtes ? L’apéritif a aiguisé les appétits, l’énigme aiguise les curiosités.

La serviette, fleur de coton blanc, est redevenue, d’un geste d’un seul, un vulgaire rectangle étalé sur les genoux ou coincé, façon losange, sous le col de la chemise.

“ C’est une vieille habitude anti-taches, dit Jean-Louis, qui m’est restée de l’enfance. ”

La soupière livre son secret : “ Consommé de consonnes ” !

Dans les assiettes creuses, la première de la pile, se précipitent, en tombant de la grosse louche d’argent, dans une senteur de bouillon, les vingt lettres de l’alphabet. Les convives ébahis, presque émerveillés comme des enfants qu’ils sont restés sans doute, cherchent du bout de la cuillère ce que le hasard a pu écrire !
Et tintent l’argenterie à soupe, et claquent les palais. C’est le premier moment de cet autre moment. On se tait. Pas un mot durant cette dégustation de lettres...

“J’avais une petite faim", s’aventure Jeannot, rompant ainsi le silence gourmand, presque religieux.

Son assiette est vide. D’autres se tendent vers les consonnes encore fumantes, pour un nouveau petit régal alphabétique.

“Non merci”, murmure Rosette, happant, d’une cuillère repue, trois F, un Z, et deux B...

Les huîtres ont pris maintenant tout l’espace disponible entre les couverts. Livreront-elles vraiment leurs bijoux ?

C'est pourtant ce qu'annonce collier de “ ”, le quatre pages cartonné : "Perles de l'Océan sur sonnets de calames".

Les poèmes à forme fixe forment en cet autre moment, le lit d’algues sur lequel reposent les mollusques bivalves. Mais personne n’aura l’idée d’en compter quatorze à la douzaine ! ... Car les doigts gourmands attendent déjà le passage du citron ou de la sauce, du savant mélange de vinaigre et d’oignons. L’encre du jour sera le petit vin blanc, frais à souhait, qui accompagne les Marennes.
Point de perles, même faites de mots, mais une saveur d’iode marine.
Délicieux ! Mireille gobera la dernière !

En un tournemain, le temps d'une prière, coquilles, assiettes et algues ont disparu à l’office, comme par miracle ou enchantement.

C’est au tour de la petite assiette, posée sur la grande, (d’où, peut-être l’expression…) d’accueillir les énigmatiques “ Pieds de vers à la sauce alexandrine ”.

Douze petits éperlans rappellent aux instincts écrivains les douze syllabes “ alexandrines ”. La voilà donc, la sauce dont parle le petit livre ! C’est à « icelle » que les salmoniformes sont mangés... Le petit “ sec ” vient de Bordeaux ; son appellation a été contrôlée par Patricia, l’hôte de cet autre moment. Serait-ce un clin d’œil à Michel, celui de Montaigne ?
Les délices frits de l’embouchure n’ont pas fait un pli. À peine reste-t-il quelques arêtes. Pepsi qui s’en régale d’avance, lovée sur un tas de linge à repasser, a l’œil aux aguets. Les reliefs océans quittent la table, escortés par ces couverts argentés que ne connaissent que les poissons.
Michel, justement, celui du lieu cette fois, salue avec envie l’entrée en scène de ce que le menu portant calame ou plume ou stylo appelle : “ Salmis de strophes en hémistiches ”.

L’allusion est vite comprise à l’arrivée des palombes. Elles exhalent un parfum de marinade au vin rouge. Rouge, comme si les plombs du chasseur y avait fait couler leur sang.
Bernard, de deux “hémistiches”, fait un vers entier. Ô, régals aquitains offerts aux assiettes par ces fiers migrateurs, tombés au champ d’honneur de la gastronomie.
Le cru d’un brillant “Château d’outre fagots” sert noblement ce plat, sorti de dessous le toit de fougères d’entre les pins de nos aïeux. Liquoreux, ce château-là, généreux, revêtu de sa robe de velours rouge, en l’honneur des palais.
Ce mariage, plus que de raison, laisse Laurence pantoise. Elle reprend, “finalement”, un deuxième “hémistiche”. La gourmandise n’est qu’un sympathique défaut, va !

Débris de mots aux six voyelles ”, peut-on lire pour la suite...
Les lichettes d’Aisy cendré de Bourgogne côtoient les carrés d’Echourgnac de Guyenne. Le quart de rond de l’Iraty Basque suinte du plaisir qu’il va offrir. L' Olivet de l’Orléanais, dans sa boite de bois et son papier sulfurisé, attend, bleu d'impatience. Seul le couteau à lame cornue le sépare du caprin cabécoU du Quercy. Enfin, la pâte moulée à la louche du Saint du Roi Henry, venu tout droit d’AlbraY, vaut bien, ne serait-ce que pour l’odeur, une messe !
"Quel plateau !". Janine s’en pourlèche les babines, qu’elle a délicatement humectées de la dernière gorgée d' Outre-fagots .

C’est aussi pour laisser la place au pétillant vin blanc du pays de Jeanne d’Arc, dont on entend soudain pétarader les bouchons. Ils annoncent le bouquet final de ces agapes d’artifice.

On a écrit : “ Acrostiches au chocolat ”.

Ils arrivent, les petits choux garnis de crème glacée à la vanille ; et de ces drôles d’acrostiches, on profite !
Ils nous offrent leur “ chaud et froid ” chocolaté. Chacun s’en régale et les inconditionnels de l’aztèque mixture d’amandes de cacao, s’en sucent les doigts, furtivement, mais l’un après l’autre, tous, jusqu’au plus petit…

Qui pourrait résister ?
D’un coup circulaire de majeur discret, Rosette racle la petite assiette. Gourmandise, quand tu nous tiens !

Le chocolat est toujours là, qui accompagne le petit jus, le “ K fait d’arabique saveur ” du menu de l’écriture, il revient en mignardises... Barres, billes, bouchées, croquettes, crottes, pastilles, plaques, tablettes, truffes, alphabétiquement placées sur le plat de cristal, s’offrent à toutes ces papilles alléchées et non encore fatiguées. Il y en a pour tous les goûts !

“Il faut bien le pousser ce café des tropiques”, propose Jeannot ! ...

Prémonition ?

Aux rimes embrassées
Les liqueurs ” arrivèrent.
Le bataillon des verres
Joufflus les fit passer
De la prune au Cognac,
Du basque Patcharan
Au Calvados normand
De poire en Armagnac…

De ses paumes réchauffant les nectars, chacun fait durer longtemps le petit moment de cet autre moment…
Et les mots vont de bouches en oreilles, pour un autre festin… Imperceptiblement, le jour de cet autre moment est tombé...

Patricia, qui avait disparu comme par miracle, réapparaît comme par enchantement :

“Et si nous finissions les « post-scripti » ensemble ? ”.

Elle vient de préparer l’apéritif du soir …


késaco
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MessageSujet: Re: Petits bouts de jours...   Petits bouts de jours... EmptyDim 2 Déc - 5:15

LE CRABE ET LA VOISINE


J’ai la passion des fruits, des fruits de mer.
Même si leur dégustation est le fruit de la patience.
Il faut tout d’abord caser entre verres et couverts, l’encombrant échafaudage, en essayant de ne pas entrechoquer les multiples verres...
Surtout ceux de la voisine d’en face, qui, me semble-t-il, à voir son petit air de « pince à langoustines », doit être facilement choquable.

Il faut ensuite choisir l’ustensile qui convient et enfin empiler les coquilles, pinces et carapaces après livraison de la chair iodée...

Les voilà ! La « pince » d’en face se déride…

J’ai toujours commencé par les huîtres, car je repère facilement la petite
fourchette à laquelle le petit pédoncule des ostréidés ne résiste pas. Cela n’est pas un exploit, mais je suis assez satisfait de souvent arriver à détacher la bête du premier coup de l’une des trois dents.
Puisque j’ai l’instrument “ qui va bien ”, les clovisses ne pèseront pas lourds, eux non plus !
Les coques ont ouvert leurs coquilles à côtes parallèles. C’est une invitation à la dégustation de leur cœur orangé. Un régal d’entre les vagues de l’atlantique !

La dame d’en face triture, lape, aspire d’aise. Elle n’entend même pas ses chuintements à chaque chair happée… Quoiqu’il en soit, elle garde son air imperturbable de pince, sans rire !

Pour les buccins, les bulots chez nous, j’ai un doute...
Mon voisin d’en face, juste à la droite de l’adroite dame, s’y prépare : “ Ah ! les bulots ! ”dit-il, en saisissant de la main gauche un des gastéropodes.
Je ne quitte pas sa main droite des yeux. Elle prend la petite pique à bout cornu. J’en fais de même.
Une fois extirpée la petite capsule blanchâtre, qui cache les merveilles de l’abondante corne, ça va tout seul : la pique enroule la bête d’un seul coup. La langue fera le reste.

Du coup j’ai pu apercevoir celle que la charmante a donnée à son premier bulot.

Dans la même famille, il y a les petits cousins noirs. Ceux-là, je sais qu’ils acceptent la petite aiguille. Le geste est le même que pour leurs cousins, les buccins. Certains sont récalcitrants à être mangés. D’autres n’offrent qu’une moitié de leur secret. L’autre reste enfouie à jamais. Bigre ! Qu’ils sont savoureux, les bigorneaux !

Ce doit être une bigote, sauf son respect, néanmoins, cette voisine-là. Ou peut-être quelque vieille cousette, à voir la dextérité et le soin avec lesquels elle en découd avec les « coquillettes noires.

Les langoustines s’ennuyaient sur leurs algues. Elles voyaient, un à un disparaître les fruits. Qu’à cela ne tienne !... À moi, les “ mollusques aux dix pieds ”, ces homards qui n’ont pas grandi ! C’est tant mieux, d’ailleurs, c’est déjà assez compliqué comme ça !
J’ai abandonné les couverts divers. J’y mettrai les doigts.

Cela semble ne pas être du goût de ma voisine qui s’escrime à décortiquer les homaridés à la fourchette et au couteau.

Oui, mais j’ai aperçu le petit bol où surnage une rondelle de citron et que je sais, depuis qu'un jour j'avais tenté d'y tremper mes lèbres au grand dam de la dame d'en face d'alors, n’être qu’un rince doigts.
Qui dit "rince doigts", dit "doigts" non ?.
Donc, je persiste, en négligeant la pincée que fait la dame au coude de son voisin...
Pattes, pinces, tout y passe et la carapace rose me découvre sa chair. Ô, délice océan !
Au milieu de l’échafaudage, couché sur le lit vert, semblant me narguer de ses yeux noirs dominant ses antennes, le crabe attend. Je l’ai gardé pour la fin. Après avoir subrepticement regardé les autres convives qui en sont aussi à l’animal marchant de côté, je saisis l’espèce de casse-noix. Quel casse-tête ! Sans rire, je le pince. Il glisse.
La dame lève le nez de son huître et me lance une œillade noir-crabe-en- colère-d'être-abandonné !
Le couteau ? Il s’en échappe.
Donc, d’un geste à l’ampleur prudente, je tire une pince de chaque côté.
Peine perdue...
Alors, je mords !
Le coup de dent, fatal à la carapace du petit décapode, libère de chaque côté, un léger écoulement marin, tout petit.
Je m’entends murmurer : “ Une chance, ça n’a pas giclé ! ”

La voisine d’en face, qui avait saisi entre ses dents la dernière langoustine ne s’est aperçue de rien...

C’est peut-être pour cela que j’ai la passion des fruits, des fruits de mer...


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MessageSujet: Re: Petits bouts de jours...   Petits bouts de jours... EmptyLun 24 Déc - 9:14

LA DAURADE

Me voici encore attablé. Il faut bien manger !
Aujourd’hui, je suis invité dans un grand restaurant au bord de l’océan.
Qui dit océan dit poisson. Mon compagnon de table est d’accord. Allons-y donc pour l’être à écailles.
Si le restaurant est vaste, les tables sont petites et disposées en rangs serrés. Les serveuses et les serveurs, les maîtres d’hôtel et les sommeliers y sont nombreux : un pour l’apéritif, une pour la commande, un autre pour le vin, une autre pour changer l’assiette de “ décoration ” contre une à poisson... De quoi y perdre ses nageoires !
Une jeune fille, que nous n’avions pas encore vue, nous apporte la friture d’éperlans que nous avons choisie après le whisky. Les petits poissons permettront au merlu à l’espagnole de nous cuire sa chair océane.
Durant le va-et-vient des petits tabliers et autres vestons, blancs, une dame et un monsieur se sont installés là, tout près. Le défilé change de table !
Avalés les éperlans, on attend. Le poisson fumant accompagné de deux pommes de terre dans leur robe d’aluminium parviennent jusqu’à nous, au bout du bras de “ l’inconnu ” qui slalome entre les petites tables, à présent toutes garnies.
Dans le grand plat ovale, l’hôte des eaux salées, s’étale devant nos yeux gourmands. Civilités de la pelle et de la grande fourchette, et l’animal est dans les assiettes...

Dès le premier contact, nos papilles doutent : point d’ail, point de senteur ni saveur ibérique. Une sauce au beurre, tout ce qu’il y a de plus normand, fait un lit au poisson qui n’a rien d’un merlu...
Les yeux peut-être ? Le doute grandit et notre appétit aussi. Le vin de Bordeaux flatte la chair iodée et nos gosiers. Il ne restera dans le grand plat ovale, que la petite pelle et la grande fourchette.
Une énième serveuse, sortie de nous ne savons où, sert le café. Un autre son pousse...
L’heure des comptes a sonné.

“ Et notre daurade au beurre normand ? Ça vient ?!” demande le monsieur d’à côté...


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MessageSujet: Les « Tartruffes »...   Petits bouts de jours... EmptyJeu 3 Jan - 13:12

Petits bouts de jours... Truffe10

... ou tels sont pris tout crus qui on cru tout prendre !


“ Nous venons vous présenter nos truffes ! ”

Le garçon de table, fraîchement imprégné de la solennité qu’il faut, un verre à Armagnac démesuré dans les bras, offre à nos yeux curieux et gourmands, une multitude de trésors du Périgord.
Nos mains aussi sont curieuses, mais également, un tantinet, nos nez.
Le jeune homme ne bronche pas, quand nous plongeons en chœur nos doigts avides au milieu des précieux champignons.

« Ah, dit André, en portant à son nez « sa capture », c’est une idée formidable de faire goûter aux clients les produits naturels du terroir, je remercierai le patron tout à l’heure !

Le garçon, silencieux et atteint par le doute, laisse entrevoir un léger tressaillement.

« Tiens, dit Jean-Pierre, je ne les ai jamais savourées crues ».

Quand à moi, après avoir humé le fumet, qui ne m’a inoubliablement impressionné, il faut bien le dire, mes cloisons nasales, j’aventure une incisive dans la merveille noire.

« Ouais bon, c’est pas génial… Surtout sans le foie gras autour ! », murmuré-je.

La coupelle qui attend le vin fin que nous allons boire sûrement après l’apéritif, accueille “ nos ” tubercules. Le don en sera fait à nos familles… Nous sourions de ce « royal » cadeau…
Le maître d’hôtel, un ami d’André, lui, ne sourit pas... Ou alors, un peu jaune...

« Bravo, pour cette attention, déclare André, je reconnais bien là ton savoir faire et ta courtoisie envers les clients. Nous en ferons profiter nos femmes ! »

Silence et sourire de plus en plus pincé...

« C’est assez curieux de croquer une truffe, comme ça. »

La démonstration de Jean-Pierre a déclenché chez l’homme au carnet de notre commande, un mouvement de la pomme d’Adam et partant de son superbe nœud papillon. “ Que cette coupelle est loin ! ” semble dire le regard de l’homme en costume noir. Il n’insistera pas... Pour l’instant.
Sans comprendre l’aubaine, je serai malgré moi, le gardien du trésor. “ Après tout, si c’est un cadeau ! »...
À quelques centimètres de mon coude, les truffes attendent.
Le repas se précise. La commande arrive. Le maître d’hôtel est dans mon dos. Je ne le vois pas, mais je sens qu’il lorgne la coupelle à chaque assiette déposée.
Pourtant, la “ récupération ” du butin ne sera pas de ce voyage.
Le sommelier nous propose ses crus. Et, qui l’eût cru, se poste juste entre les truffes et moi. N’ayant pas trouvé l’astuce, les champignons resteront dans la coupelle réservée à la bouteille. “ Raté ”, disent les yeux, un peu coléreux du sommelier. Nous sourions toujours de la « royale » aubaine.
Le repas s’anime. Le défilé des serveurs aussi. Je serre les coudes. Que de saveurs délicieuses et successives ! Que de fumets l’un après l’autre savoureux ! Que de nectars multiples !
La conversation aussi s’est animée. À en oublier le Périgord et ses “ diamants de la cuisine ”.
C’est ce qu’il advient.
En mauvais gardien, je m’absente un instant pour un petit passage obligé. Jean-Pierre et André ont-ils remarqué mon regard en direction des champignons, et qui leur dit « Attention… »
Au retour, la coupelle a changé de forme, la bouteille, de couleur, et le trésor s’est envolé. Jean-Pierre et André n’ont rien remarqué ni regard, ni aucun geste de serveur, de maître d’hôtel, ni même du garçon du début revenu, quelque peu penaud, à la charge.
Le sommelier, lui, a veillé.

Ce voyage en Périgord par truffes interposées, nous ne pourrons l’oublier…
Ni le sommelier !


késaco
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