© José Chanly
Une rivière aux poissons d'ébène... A Couvin coule une
rivière appelée l'Eau Noire
car ses poissons sont
d'ébène son son son saine
et leurs chansons, africaines
Pureté des formes
pour ce coucher de soleil
la nuit sera claire
J'écoute Diane
Dufresne nous chanter Strip-
tease, elle électrise
Au quarante-trois
rue Haute Bise à Bossière
je toque à la porte
pour reprendre une palette
de mon petit-fils Tanguy
Dans le sapin j'ois
le chant plaintif d'un oiseau
joie? sûrement pas
Le soleil se voit
mais ne brille sous la brume
un cri de choucas
me ramène à l'an dernier
du temps où j'en avais trois
Pourquoi suis-je devenu
poète? parce qu'il ne meurt
m'a-t-on dit
Serait-ce un corbeau
freux transportant du pain blanc ?
nenni, il s'agit
tout simplement d'une pie
faudra chausser tes lunettes!
Des gens se promènent
rêveurs le long de la Sambre
tout en feuilles tombe
Silence tout est
silence à l'exception d'un
gland qui dans l'eau tombe
De nombreuses feuilles
mortes nagent, paradoxe
pouffent les fougères
Sainte Pélagie
que l'on fête je t'en prie
use auprès de Dieu
de ton immense crédit
pour ôter ce brouillard dense
Feuilles jaunissantes
photographe blanchissant
tout part en couleur
Sainte d'Antioche
Pélagie ne sois pas moche
prie pour ma caboche
des péchés dans ma sacoche
me feraient manquer le coche
Deux coccinelles
sur l'appui de fenêtre
l'une à points noirs, l'autre à rouges
La fenêtre brille
de mille feux grâce à la
pluie, au réverbère
Allah est grand oserai-je
écrire craignant la foudre
Des noisettes en
tas pour éviter le deuil
me dit l'écureuil
Dans un ciel d'octobre
sans soleil le cri plaintif
d'une haute buse
ses cercles de plus en plus
larges lentement dérivent
Le soir les corbeaux
sérieux comme des mollahs
crient leurs certitudes
Allô? à qui n'ai-je
pas l'honneur de parler ? tais-
toi vieux schnock c'est l'heure
lui répond une voix dure
extraite de l'au-delà
La haie disgracieuse
me protège du vent, un
laideron du vice
Allô? à qui n'ai-je
pas l'honneur de parler ? ne
fais pas le mariole
lui répond une voix dure
d'au-delà, c'est bientôt l'heure
Il ne fera plus
de dépression celui-là
dans son corbillard
Crépuscule, un vent
disert arrache quelques
feuilles au pommier
alors qu'au loin le clocher
nous fait entendre sa voix
La cheminée fume
au loin parmi toutes ces
jaunissantes taches
Grâce aux feuilles qui
s'en vont il apparaît ce
home pour vieillards
grâce aux ans il viendra à
ma rencontre, ce connard
José Chanly