LA GRUE...

À TITAN

Il s'agit de la grue disparue, déboulonnée par la DDE maritime, faute de crédits pour l'entretenir (mon oeil...) qui "gardait" le souvenir de l'embouchure de l'Adour.Guy était le chroniqueur (ou "coeur") du Journal Sud-Ouest qui avait intitulé sa rubrique "L'oeil de Titan"... si vous passsez ar chez, nous, venez, il reste l'Adour,son embouchure, l'océan, la digue... Mais...


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Ô Guy, « l’Œil de Titan », d’entre nous disparu,
Tu aurais de ton style, entre tous reconnu,
Décrit avec humour et tristesse à la fois,
Cette lente agonie d’acier, cet autrefois...
Moi, c’est à la façon d’un fabricant de rimes,
Que le soir où la grue a versé dans l’abîme,
J’ai coulé, dans mes vers, l’acier de son jadis :
Il est devenu fleurs, pensées, myosotis…


Il nous quitte aujourd’hui le gardien d’embouchure.
Notre TITAN n’est plus ! Tristesse. Déchirure !

Telle une veuve, émue par tant d’années civiles,
Aux côtés de sa grue, image de la ville,
Notre digue est en deuil, souffrant de mille maux,
De voir, en un clin d’œil fauché au chalumeau
Un pan de son histoire et, de notre cité,
Cet emblème, au néant, d’un coup précipité.

L’Adour, à l’océan entremêlant son onde,
En entendant son cri, pleura son eau profonde,
Car, en tombant, Titan gémit d’un grand bruit sourd,
Comme firent les flots tout proches qui, un jour,
Projetèrent sur lui « Romulus » en détresse.
Dix huit marins sauvés par sa noble prouesse !
Son bras, avec respect du touriste admiré,
A vaincu dans la nuit le flux noir chaviré...

Prouesse est bien le mot qui convient au Titan :
C’est lui qui charria, jadis, par tous les temps,
Des tonnes de rochers. Ô, Vieille Dame, adieu.
Tu laisses à la plage un grand vide anxieux.


Même le vent du sud, soufflant des Trois Couronnes,
Sera fort étonné, en venant de Bayonne,
De pouvoir, sans siffler aux treillis de ta flèche,
Taquiner les chapeaux des amateurs de pêche.
Et ceux-là, amoureux de l’art halieutique,
Où accrocheront-ils, sans leur grue aquatique,
Les cannes, les filets, nasses ou épuisettes ?

Les dormeurs sur le sable, estivants en bronzette,
Ont perdu leur repère et sont déboussolés :
Lors comment orienter leurs tissus bariolés ?
Leur œil ne verra plus, une fois allongés,
Que le ciel ! Ô, Titan, dans l’outre-fond plongé,

Nous te regretterons. Nous resterons boiteux !

C’est toi qui nous donnais ton Champ de Mars venteux,
Toi, notre Tour Eiffel au bras de fer hardi,
Trônant au bord de l’eau. Et les surfeurs, pardi,
Sur la vague dansant, n’auront plus désormais
Ton ombre protectrice et belle, ô Titan ! Mais,
Si les vieux amoureux, les promeneurs du soir,
Continueront, bien sûr, d’aller jusqu’au musoir,
Las, le charme est rompu ! Et même le soleil,
Aux couchants des saisons ne sera plus pareil…

Vaincu, déboulonné, aux enchères vendu,
Titan, tu es parti. Si nous t’avons perdu,
Tu restes à jamais gravé sur nos médailles
Et offres à nos cœurs un peu de ta ferraille.

Késaco

Salut Késaco,

Je veux bien faire le pied de... grue pour attendre cette jolie blonde.

José

Bel hommage à cette grue qui n'était pas seulement un vieux tas de ferraille! Elle était la gardienne de l'Adour, le point de repère des égarés et, comme tu le dis, la tour Eiffel du Midi! Ciao et bonne journée!

Et sa flèche est gravée dans mon coeur, comme ton amitié...