UNE HEURE AVANCEE…

UNE HEURE AVANCEE…

…Je réduis le champ de ma vision
Juste un mouchoir de poche
Une croisée décroisée
Un espace de verdure fanée
Et je me laisse sur le côté
Entrain de rêver au temps passé
Des mains frôlées dans l'ombre
Des sourires glacés par l'oubli
Et je laisse à l'ennui ma nostalgie

Je tiens sa lettre
Essaie de la localiser dans le cosmos
C'était quelque part
Où je n'ai aucun souvenir…
Des brumes un timide soleil se dégage
Ecarte d'un léger coup les stores
Il essuie les revers d'une vitre embrumée
Et il s'égare…

Je le suis dans son égarement
Lui il s'en va, revient
Il vit sa vie éternelle
Mais moi je ne fais que jouer
Changer souvent de rôles
Je ne suis plus le même
Juste entre hier et aujourd'hui
Mon visage retient son souffle
En voyant l'assaut des rides

Je relis les lignes de la main
Un cœur qui couvre la page
Et ouvre largement les portes du temps
Une photo qui ne me dit plus rien
Même ce sourire figée sur les lèvres
Ces cheveux décoiffés par la brise
Les roses épanouies du premier plan
Et pourtant je ne me rappelle plus rien…

Suis-je ainsi dans cette espèce de vie
Le cavalier solitaire qui enlace son ombre
Qui marque de ses cheminements une allée
Mes pas s'alourdissent en longeant les murs
Mes yeux traversent les zones du silence
S'attardent à une fenêtre close
Il me semble que j'ai vu les persiennes remuer
Une autre présence embusquée
Suit de son abri ma marche hésitante
Dans l'axe d'une heure avancée de la nuit…

* kacem loubay *
Lundi 9 Octobre 2006
Khénifra – Maroc
Loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l'autre rive

Cher poète solitaire...
merci pour ce poème.

Ginette

Un très beau poème, Kacem, émouvant et triste. Le poète essaye en vain de recréer le passé et se retrouve seul, avec son ombre :

Suis-je ainsi dans cette espèce de vie
Le cavalier solitaire qui enlace son ombre
Qui marque de ses cheminements une allée
Mes pas s'alourdissent en longeant les murs
Mes yeux traversent les zones du silence
S'attardent à une fenêtre close
Il me semble que j'ai vu les persiennes remuer
Une autre présence embusquée
Suit de son abri ma marche hésitante
Dans l'axe d'une heure avancée de la nuit…

... comme le grand Li Po :

Levant ma coupe, je convie le clair de lune;
Voici mon ombre devant moi : nous sommes trois.

Amicalement

José

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