VERNISSAGE ET UNION...

VERNISSAGE ET UNION…

A : Marie-Alix Fevre Gargadennec*

…Toute la nuit il est pris
Il ne fait que rêver les yeux ouverts
Point de ses rêves oniriques
Il n’a qu’une idée qui l’obsède
Exécuter La Toile de Sa Vie…
Il ne se souvient plus de ses démarches
De ses mille expositions picturales
Les reportages, les clameurs, les prix
Les différents oscars et trophées
Tous les éloges pour son parcours…

Il croit toujours dans sa réussite
Il est le maître incontestable
Il est l’Artiste/Peintre de tous les vernissages…
De bon matin il s’en va
Avec tout son arsenal
Il se considère sur un champ de bataille
Il se sent en guerre avec des êtres invisibles
Il doit lever son ultime défi…

Sur une plage sauvage
La mer joue avec les vagues
Et les vagues jouent avec les récifs
Et les écueils pointus couverts d’écume…
Il dresse son inséparable chevalet
Son unique compagne de tous les voyages
De ses joies, de ses peines…
De ses euphories, de ses multiples angoisses…
Il ajuste le trépied, accroche la toile de lin
Cherche l’équilibre, les points de repère
Scrute l’horizon mouvant et ses nuances
Cadre le tout, toise, et sourit
Commence le vrai rituel de l’orfèvre
Les tubes aux diverses couleurs
La palette et les pinceaux nacrés…

Esquisse les étapes à parcourir
Les écarts de plan de projection
Les limites de son approche
Il sent toutes les vibrations de la mer
Les chants lui donnent ses notes
Il est sous l’emprise d’une communion
Ses doigts fébriles dansent, exécutent
Les touches prennent l’assaut de la toile
Tout mue, tout respire, tout s’expose
Et la mer dans sa dimension d’iode
Et les écueils charmés par la valse des vagues
Lui secoué par sa flamme intérieure, s’oublie
Il est l’autre, le peintre aux aguets
L’œil vif, les couleurs vivent la transe…

Plus loin, à l’écart, une femme peint
Une autre ouverture, un autre espace
Elle fait l’ébauche du peintre et de la mer…

Satisfait de son œuvre, il sirote sa joie
Regagne son domicile pour mettre le cadre
Choisit le genre de bois, les ciselures
Et il attend le lendemain ; jour de vernissage…

Le concours commence, une seule toile
On expose le tout sous le regard des connaisseurs
Dans cette atmosphère la musique douce
Donne une ambiance de fête
Deux toiles figurent comme les meilleures
Celle du peintre : La mer…
Et l’autre de la femme : Le peintre et La Mer…
Consternés les juges proclament ;
Les Deux Toiles : Exeaquo…
La nature n’est point morte
Les deux tableaux lui donnent sa vraie originalité.

Le peintre se tourne vers l’autre
Ils se sourient, décident de former un duo
En vivant sous le même toit… !

© kacem loubay
Dimanche 12 Février 2006
Khénifra – Maroc
Loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l’autre rive

Une belle histoire d'amour toute en couleur...

Merveilleuse description du cheminement du peintre... merci pour ce beau poème et cette belle histoire! (J'en ai des frissons!)

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