DES MOTS DE TRAVERS...

DES MOTS DE TRAVERS
A : M. MGHARI


Les mois s’ajoutent aux mois
Les années aux convois des années
L’eau au fleuve débordé
Et tout s’en va doucement
Et tout s’éloigne
Sans jamais se détourner
Ma joie accumulée
Se déride souvent sous l’effet du temps
Et mon sourire pourtant discret
Fleurit des fois sur mes lèvres fanées
Mon regard en dents de scie
Vit mille et mille changements
Il s’attache comme un rescapé aux débris
D’une mémoire en veilleuse
Je prends le chemin de l’errance
Chaque fois où mon cœur décide l’évasion
Je fuis l’asphyxie de cette tentaculaire ville
Les cris, les prières, les pleurs, les gémissements…
Je fuis les affres de ce monde inhumain
La marginalisation de tous les enfants
La quête absolue et irrésolue pour la survie
Les exilés dans leur pays d’origine
Les apatrides, les parias de toutes les sociétés
Je m’enfuis de ces sanguinaires langueurs…
Je m’en vais auprès d’une source
Pour purifier le reste de mes yeux
Même dans ces lieux perdus
Je suis constamment harcelé par les mêmes appels
Tout est éphémère dans le théâtre de la vie
La vie vaut-elle la peine d’être…
Peut-on végéter autrement…
Quand on est oublié de tous ces hommes !
La fraternité n’est qu’un vain mot
Dans le lexique déguisé de la quotidienneté
Je lacère la nouvelle page de l’aube
Dépeint d’une main gauche celle du crépuscule
La ville agonise sous la ruée des sans-abri
Sous l’enclume de l’éternelle oisiveté forcée
Je décide de casser ma plume versatile
Les autres, les dépravés le font aussi
En louchant âprement une miche de pain noir
Imbibée par des torrents de larmes
Et des illusions de toutes les… attentes



© Kacem loubay
Dimanche 10 novembre 2002
Khénifra / Maroc
Loubay_k@yahoo.fr
Le poète de l’autre rive

Merci Kacem...
merci pour tes mots qui mettent un peu de magie dans ce monde.
Je t'offre des lilas que j'ai cueilli aujourd'hui.
Chez moi ça sent bon.
Je t'embrasse,
Gi