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 La phobie des poulpes

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2 participants
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BOKAY
Ange



Nombre de messages : 69
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Date d'inscription : 29/03/2005

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MessageSujet: La phobie des poulpes   La phobie des poulpes EmptyJeu 19 Mai - 17:10

La phobie des poulpes

Chaque année, je passe mes vacances en Bretagne avec mes parents et mon petit frère Léo âgé de sept ans. Nous habitons dans une modeste maison que mon père rénove chaque année pendant les vacances. A force de travail et d’obstination, quelques années ont suffi à la transformer en un véritable paradis. Elle présente aussi un avantage appréciable : elle est située à moins de deux kilomètres de la mer.
C’est une chaude journée d’août, les algues déposées sur les rochers par la précédente marée dégagent une forte odeur d’iode. Le vent est à peine perceptible et aucun nuage ne tache le bleu du ciel. Une multitude de mouettes piochent inlassablement le sable fraîchement découvert à la recherche de nourriture. Leurs cris se font entendre jusque sur le front de mer, tel une onde que rien n’arrête. Mes parents, fidèles à leur habitude, se sont installés à l’extrémité de la plage, près des rochers, avec parasol, glacière et draps de bains. Ma Mère a emmené quelques magazines féminins et mon père dévore un polar. Mon petit frère Léo et moi venons presque chaque jour à cet endroit et nous connaissons chaque rocher et chaque trou d’eau. Nous passons toutes nos journées à attraper crabes, petits poissons, moules et bien d’autres choses encore. Mais, ce que nous adorons par dessus tout, c’est la mer à marée basse, lorsqu’une multitude de poches d’eau apparaissent dans les rochers. Certaines s’enfoncent sous l’énorme masse rocheuse et c’est là qu’on y découvre mille trésors. L’un de ces trous est immense, il s’enfonce d’une dizaine de mètres sous la roche et nous l’avons baptiser : La caverne d’Ali Baba. Personne ne peut imaginer la quantité de crabes et araignées de mer que nous y avons ramassés ! Nous ne comptons pas non plus les blessures occasionnées par les pinces de crabes, ni les pieds meurtris par les coquillages tranchants. Malgré son tout jeune âge, Léo n’a pas son pareil pour sortir un énorme crabe blotti dans une fente rocheuse. Non, Léo n’a peur de rien, ou plutôt… de presque rien, car il y a un animal dont il a horriblement peur, c’est le poulpe ! Mais… peur, n’est pas le mot exact, il faudrait plutôt dire phobie. Dès qu’il en voit un, il court, se sauve jusque sur la plage, s’enroule dans un drap de bain et ne bouge plus. Il peut rester ainsi une heure, sans bouger. C’est inexplicable ! Maintenant que j’ai compris à quel point cela le rend malheureux, je reste avec lui et je le rassure de mon mieux.
Mais aujourd’hui, il n’y a pas de poulpe, la mer s’est retirée très loin, nous inspectons la caverne d’Ali Baba et il n’y a jamais eu autant de crabes ! Maman n’a pas de souci à se faire pour le repas de demain, il est dans nos sacs. En fin d’après-midi, nous quittons la caverne d’Ali Baba et ramenons notre précieux butin sous le parasol où se sont installés nos parents. Ma mère nous félicite et décide de rentrer à la maison avec papa. Léo, lui aussi décide de rentrer, il se prétend fatigué. Moi, je reste encore, j’ai repairé de nouveaux trous et j’ai l’intention de profiter de la marée basse pour les explorer. Je ne regrette pas mon choix car je ne tarde pas à découvrir une cavité encore plus grande que la caverne d’Ali Baba !
Il se fait tard, la mer remonte et la faim me prend. C’est le moment de rentrer à la maison, je rassemble pics et filets et remonte tranquillement le chemin qui mène droit à notre maison.
Arrivé, je vois mon père qui scie une branche d’arbre dans notre jardin, l’air surpris, il me regarde et m’interpelle :
--- Léo n’est pas avec toi ?
--- Non ! Il a dit qu’il était fatigué et qu’il rentrait avec vous !
--- Mais au dernier moment, il a changé d’avis et a dit qu’il restait avec toi !
--- Non, je ne l’ai pas vu, dis-je.
--- Alors il est encore dans les rochers, dit mon père, il faut y aller tout de suite.
--- Prends la voiture Papa, on ira plus vite dis-je.
--- Ta Mère est partie en ville avec, dit-il, ne perdons pas de temps allons-y.
Mon père et moi partons en courant en direction de la mer. Jamais nous n’avons descendu le petit chemin aussi vite. La mer remonte, il faut faire vite, Léo peut tomber dans un trou ou se faire emporter par une vague ! Mon père n’a pas l’habitude de courir, je vois qu’il commence à peiner., moi j’ai l’habitude je fais toujours ce trajet en courant.
--- Ne m’attends pas dit-il, pars devant, je te rejoins
Arrivé aux rochers, je reprends mon souffle et place mes mains en porte voix :
--- Lééééoooooooo !
j’attends quelques secondes… pas de réponse. Je recommence, toujours rien, alors je courre sur les rochers en appelant Léo mais je n’obtiens aucune réponse. Afin d’avoir une vue d’ensemble, je monte tout en haut, je scrute et je continue à crier :
--- Léééééooo !
Aucune réponse ! mon père me rejoint, il prends de profondes inspirations, et parle par saccade.
--- T’as… rien… trouvé ?
--- Non, toujours rien, dis-je, je vais aller voir à la caverne d’Ali Baba, on ne sait jamais !
Pendant que mon père crie « Léo » de toutes la force de ses cordes vocales, je coure sur les rochers irréguliers qui mènent à la caverne. L’eau arrive presque en haut du trou qui permet d’accèder à la caverne. Je rentre dans l’eau, ma tête passe tout juste. Le trou est sombre, je crie : « Léééooo ! je n’obtiens pas de réponse, mais j’entends du bruit, comme une personne qui sanglote. Je crie une seconde fois et j’avance à l’intérieur. Dans la demie obscurité, Les pupilles de mes yeux se referment et je discerne une forme humaine à tout au font de la caverne.
--- C’est toi, Léo ? T’es là ?
--- Oui je suis là, répond une petite voix tremblante.
--- Mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne vois pas que la mer monte ?
--- Si, répond Léo, mais je ne peux pas passer, il y à plein de poulpes devant l’entrée ! Elles sont énormes, avec des tentacules monstrueuses remplies de grosses ventouses ! Fais attention toi aussi, elles vont t’attaquer !
--- Mais non Léo, n’aies pas peur et ne bouge pas, j’arrive.
A chaque vague, l’eau gagne de la hauteur et l’intérieur de la caverne devient de plus en plus sombre. Terrorisé par la peur, Léo s’est blotti contre la parois du font. Je me laisse guider par ses sanglots pour arriver jusqu’à lui. Ses vêtements sont mouillés et il tremble de tous ses membres. Je le saisis, et l’installe sur mes épaules.
--- Non, non ! ne passe pas là, me dit-il, il y un énorme poulpe, il va nous attaquer, j’en suis sûr ! Non…
je me hâte car l’eau m’arrive jusqu’au cou et seul un petit triangle de lumière indique la direction de la sortie. Encore quelque mètres et nous y sommes, la lumière semble plus intense, je ressens le mouvement des vagues et une masse d’écume vient inonder mon visage. C’est bon signe ! j’entends mon père qui crie :
--- Où êtes-vous ! mais répondez, bon sang !
Nous sortons de la caverne, le soleil m’éblouit, mon père nous a vu, il accoure, des larmes de joie coulent sur ses joues.
--- Léo ! Mon fils ! Comme je t’aime ! Faut plus jamais faire ça, garçon ! plus jamais !
Mon père semble avoir quelque chose d’important à nous dire, et prenant un air grave, il nous demande si nous sommes capable de garder un secret.
--- Moi, je dirai jamais rien si c’est un secret, dit Léo.
--- Moi non plus dis-je, un secret c’est sacré et je ne dirai rien !
Notre père se rapproche plus près de nous, comme si au milieux de cet endroit désert quelqu’un pouvait nous entendre, et nous dit :
--- Vous allez me promettre tous les deux de ne rien dire de ce qui est arrivé à votre mère, ce sera notre grand secret !
Beaucoup d’années se sont écoulées et nous n’avons jamais rien dit à maman. Mais aujourd’hui nous avons le droit de le dire car hier notre maman s’en est allée, loin, loin dans le ciel.
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Gi
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Date d'inscription : 18/12/2004

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MessageSujet: Re: La phobie des poulpes   La phobie des poulpes EmptyVen 20 Mai - 2:51

je veux connaître la suite...
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